L’Algérie a enfin décidé de revoir à la hausse le montant de l’allocation touristique qui est accordée une fois par année à tout Algérien résident qui voyage à l’étranger.
Dès l’annonce du président Abdelmadjid Tebboune à ce propos dimanche 6 octobre, les spéculations sur le montant de la nouvelle allocation vont bon train. Des experts livrent leurs estimations.
Dimanche 6 octobre, lors du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné « une augmentation substantielle » du montant de l’allocation touristique.
Il s’agit du montant autorisé au taux de change officiel, accordé une fois par an au profit des citoyens algériens voyageant à l’étranger. Actuellement, le montant de ce droit de change est fixé à la contre-valeur en devises de 15.000 dinars algériens pour chaque année civile.
Quel est le montant adéquat pour la nouvelle allocation touristique ?
Cela représente un peu plus de 100 euros, au taux de change officiel actuel de l’euro qui est de 145,75 dinars l’unité (taux affiché dans le tableau de change de la Banque d’Algérie ce jeudi 10 octobre). Il s’agit décidément d’un montant maigre et dérisoire qui ne fait clairement pas le poids aux moindres frais de déplacement.
Mais, l’allocation touristique devra connaitre une hausse « considérable ».
Le montant et l’échéance n’ont pas été précisés. Des experts en économie et en voyages estiment en tout cas que ce montant doit être mesuré et fixé avec précision, en fonction des besoins réels des voyageurs.
C’est le cas de Chabane Assad, analyste financier indépendant et fondateur de la société de conseils Finabi. Il estime en effet qu’en plus de permettre aux voyageurs d’avoir des sommes confortables lors de leurs voyages à l’étranger, cette décision portera également « un coup de massue au marché informel des devises » en Algérie où l’euro a franchi la barre de 250 dinars l’unité.
« 700 € par individu/an sera adéquat comme première étape »
Dans une contribution publiée ce mercredi 9 octobre sur son compte LinkedIn, l’expert souligne que le montant de la nouvelle allocation touristique « doit être mesuré avec précision pour répondre au besoin réel ». Et par conséquent, « assécher la demande qui nourrit actuellement le marché informel ».
Mais d’un autre côté, si le montant de cette allocation est excessif, il y voit un risque qu’elle devienne « un moyen d’épargne alternatif des ménages », ce qui va faire perdre au secteur bancaire une partie de ces ressources stables, nécessaires pour financer l’économie réelle.
Citant en exemple les montants pratiqués dans d’autres pays voisins, dont la Tunisie (1.800 €), la Libye et l’Égypte (10 000 $), il estime qu’un montant de 700 € par individu/an « sera adéquat comme première étape » pour l’allocation touristique en Algérie.
Ce montant est inspiré du cas d’une famille de deux parents et de deux enfants qui passent un séjour d’une semaine en Tunisie. Ainsi, une allocation touristique de 700 € par adulte et la moitié par enfant, donnera un total de 2.050 € par ménage, ce qui est, pour lui, suffisant pour passer un séjour agréable d’une semaine chez le voisin de l’est, qui est la principale destination des touristes algériens en été.
« Ce calcul est inspiré du besoin d’un ménage (les parents et deux enfants) qui passe un séjour d’une semaine en Tunisie », écrit l’expert. Cela revient à fixer l’allocation touristique à l’équivalent en dinars de 100 euros par jour et par personne adulte.
« Le montant doit se conformer aux exigences des pays de l’espace Schengen »
De son côté, le député des Algériens de France, Abdelouahab Yagoubi, avance, sur la base d’un « simple calcul » un montant de 3.600 € pour « préserver la dignité de nos ressortissants ».
Dans une déclaration à TSA ce jeudi 10 octobre, le parlementaire affirme qu’il ne détient pas d’informations précises sur le montant de la nouvelle allocation touristique. Toutefois, il estime que ce montant doit se conformer « aux exigences des pays de l’espace Schengen ».
En France par exemple, le voyageur doit disposer d’au moins 65 euros par jour si une réservation d’hôtel est présentée, ou 120 euros par jour si aucune réservation d’hôtel n’est fournie.
De plus, il rappelle aussi qu’en cas de réservation partielle d’un hôtel, le voyageur doit justifier de 65 euros par jour pour la période couverte et de 120 euros par jour pour le reste du séjour. À défaut, l’entrée sur le territoire français sera refusée au voyageur.
Ainsi, pour « préserver la dignité de nos ressortissants », un simple calcul montre qu’il faudrait prévoir au maximum « environ 120 × 30 = 3.600 € pour un mois de séjour », préconise M. Yagoubi.