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Amar Belhimer : « Le néo-Hirak fait du surplace et s’installe dans l’impasse »

Amar Belhimer : « Le néo-Hirak fait du surplace et s’installe dans l’impasse »

Amar Belhimer, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a estimé ce lundi 16 mars que la « raison exige la cessation » des marches et rassemblements, en raison des risques de propagation du Coronavirus.

« Le Hirak est intelligent et généreux. Il doit le rester et même l’être plus encore lorsqu’il y a péril majeur en la demeure. Ceux qui s’obstinent, dans un entêtement suicidaire, à le maintenir coûte que coûte et quoi qu’il en coûtera à la nation tout entière, ne doivent pas concourir à son échec, voire même à sa disparition. Ils devraient en être empêchés par la force de la raison citoyenne et par celle du droit qui est au-dessus de tous. La raison exige la cessation des marches et des rassemblements », a-t-il dit dans un entretien accordé à l’agence officielle.

« Et, une fois la crise grave du Coronavirus résorbée par la mobilisation de tout un peuple, rien n’empêchera alors le Hirak de reprendre son cours si d’ici là, des avancées démocratiques et sociales majeures n’auront pas été enregistrées », a-t-il ajouté, comme pour suggérer qu’il n’est pas hostile au mouvement mais qu’il faut faire prévaloir dans la conjoncture actuelle la voix de la raison.

D’ailleurs, le ministre n’omet pas de s’appuyer, dans son plaidoyer, sur les voix qui appellent à la « trêve » et à une « suspension » temporaire des marches. « En vertu des tentatives des forces antinationales de transformer le Hirak en mouvement insurrectionnel non armé visant la paralysie du pays, et au vu de ce qu’il représente aujourd’hui comme risque sanitaire majeur (Coronavirus, ndlr), des voix de la raison se sont élevées dans le pays et dans la diaspora notamment à travers les réseaux sociaux pour appeler à une pause salutaire, à une trêve préventive. Des leaders d’opinion lucides et réalistes appellent même à l’arrêt pur et simple des marches et des rassemblements. Car la pandémie du coronavirus est sérieuse, attestée par la rigoureuse OMS. Ces mêmes voix de la lucidité citoyenne et de la raison patriotique appellent à cesser les marches dans un contexte national aussi complexe et aussi périlleux, marches pour lesquelles elles ne trouvent plus aucune raison d’être car le Hirak est déjà victorieux », estime-t-il.

« Et il a gagné sur plusieurs fronts. Grâce à sa convergence initiale avec l’ANP, qui l’a accompagné et protégé, il a permis de faire barrage au 5e mandat d’un président cacochyme utilisé comme devanture politique par une caste mafieuse et des réseaux transversaux d’accaparement et de dilapidation des richesses nationales. Grâce à son insurrection pacifique et intelligente, il a révélé au pays et au monde la colossale et effroyable corruption du régime précédent et de ses insatiables clientèles. Et, toujours de son fait, le Hirak a favorisé l’avènement d’une opinion publique agissante, influente et désormais écoutée. De même qu’il a permis aux Algériens de s’approprier la politique en lieu et place de structures de médiation, d’intermédiation et de représentation défaillantes, discréditées et inaudibles. Et par-dessus tout, il a rendu possible le changement pacifique et ordonné », égrène-t-il.

Haro sur les commanditaires du « néo-Hirak»

Comme d’autres représentants du pouvoir, le ministre de la communication considère que le « Hirak » d’aujourd’hui n’est plus celui des premiers mois de la mobilisation, étant parasité par certains courants politiques dont le mouvement Rachad qu’il ne cite pas au demeurant.

« On ne reconnait plus au fil du temps qui passe le mouvement des origines. Un an après sa naissance favorisée par la tentative du passage en force du président déchu, alors incapable, pour un cinquième mandat destiné à préserver les intérêts mafieux d’une caste parasitaire aux commandes du pays, le néo-Hirak fait du surplace et s’installe dans l’impasse », soutient-il.

« A l’origine, mouvement transcourant et transgénérationnel, il a fini par être parasité par certains courants politiques qui l’ont rejoint pour mieux le faire dévier de sa vocation citoyenne, patriotique, démocratique et plurielle. Il est donc à craindre que le Hirak s’inscrive de plus en plus dans le prolongement de ces «bouleversements préfabriqués’ qui, au demeurant, révèlent chaque jour davantage leur caractère contre-révolutionnaire », dit-il allusion au « printemps arabes ».

« Des ONG qui ont pignon sur rue à Genève ou à Londres, des résidus irréductibles de l’ex-FIS et des revanchards mafieux de l’ancien système travaillent d’arrache-pied, y compris par derrière les barreaux ou à partir de leurs retraites dorées (forcées ou choisies), pour propager les mots d’ordre de désobéissance civile, de troubles et de recours à la violence. L’accumulation effrénée de ressources financières et le positionnement de leurs relais dans tous les appareils d’État et à tous les niveaux de décision, leur confère naturellement une force de frappe qui n’a pas encore été totalement contenue. Ils escomptent un retour aux affaires et aux commandes à l’aide de marches quotidiennes là où elles peuvent être tenues, appuyant des mots d’ordre hostiles à l’institution militaire et aux services de sécurité. Ce qui est en fait visé ce sont les institutions, l’ordre public, la stabilité et la souveraineté nationale », accuse-t-il.

Selon lui, ceux qui se mobilisaient au début du « Hirak » en faveur d’un renouveau démocratique ont été « efficacement exclus par la nouvelle secte autoproclamée « révolutionnaire ».

Dans ce contexte, il critique certains partis et certains médias qu’ils ne citent pas et qui se livrent, à ses yeux, à la manipulation, à travers notamment certains slogans comme la revendication d’ « indépendance » ou la minimisation du rôle de l’ANP dans la séquence historique vécue par le pays. Mettant en exergue ce qui a été accompli par les pouvoirs publics, notamment depuis l’élection présidentielle, Amar Belhimer appelle, compte tenu de la situation, les forces patriotiques à la « vigilance ». « Le temps est à la reconstruction. Aidons ce processus à aboutir dans les meilleurs délais ».

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