Politique

Amara Benyounes : « Vous savez ce que nous avons vécu dans les années 1990…»

Amara Benyounes a choisi, ce mercredi 27 février, Chlef pour animer le premier meeting électoral du candidat Abdelaziz Bouteflika.

Sur place, à une cinquantaine de mètres dans la salle de la Maison de la culture où il a animé son meeting, il a droit a un petit comité d’accueil.

Un groupe de jeunes est venu scander des slogans anti 5e mandat au milieu d’un important déploiement de forces anti-émeutes de la police. « Bouteflika dégage, FLN dégage, pas de 5e mandat », ont-ils scandé. C’est tout côté ambiance à l’extérieur. Pour un premier meeting en plein période de manifestations contre le cinquième mandat, le chef du MPA s’en sort plutôt bien.

À l’intérieur de la salle, deux jeunes hommes se lèvent avant qu’Amara Benyounes ne prenne la parole pour dire que « Chlef ne veut plus de Bouteflika ». « Pas de 5e mandat », a lancé à gorge déployée l’un d’eux avant d’être reconduit vers la porte de sortie. Amara Benyounes peut commencer son discours.

Le chef du MPA, également directeur de la communication du candidat Bouteflika, décide d’ignorer ces réactions. Il met en avant le droit à l’expression « reconnu aux Algériens ».

« Il y a 190 candidats à la candidature pour la présidentielle. Le Conseil constitutionnel tranchera. Des marches pacifiques ont été organisées demandant la non-candidature de notre candidat. Je salue les services de sécurité et la police qui ont bien réagi et pour l’esprit de responsabilité dont ils ont fait preuve. Manifester est un droit reconnu à chaque Algérien. Chaque Algérien a le droit d’exprimer son point de vue. Nous avons, nous aussi, le droit d’exprimer nos idées et soutenir le candidat que nous voulons. Nous sommes différents en Algérie. Il y a plusieurs sensibilités et courants politiques. La loi est l’arbitre entre les Algériens », dit-il.

« Les problèmes ne se règlent pas par la force »

La démocratie se base sur le débat libre et public et sur la décision du peuple à travers les urnes, rappelle-t-il.

« Seul le peuple décidera qui sera le président de la République après le scrutin du 18 avril. Chacun doit ensuite respecter cette décision souveraine du peuple. C’est cela la démocratie. Les problèmes ne se règlent pas par la force ou la violence. Nous devons être civilisés. Le 18 avril chacun peut voter qu’il soit dans le soutien ou dans l’opposition. Personne n’a le droit d’imposer à un citoyen de se porter candidat. Et personne n’a le droit d’empêcher un candidat de présenter sa candidature à la présidentielle, mis à part le Conseil constitutionnel ».

Amara Benyounes rappelle que le Conseil constitutionnel tranchera sur base de dossiers contenant des documents médicaux et des formulaires de signatures. « Devons-nous alors douter des médecins, des juges et de l’administration ? Chez nous, on doute de tout, de l’armée, du gouvernement et des assemblées élues. Si nous continuons à douter, nous allons détruire nos institutions. Vous savez ce que nous avons vécu dans les années 1990. Qui veut revenir à cette période ? Quels que soient nos différends, nous devons sauvegarder l’Algérie. L’Algérie est notre trésor commun », insiste-t-il.

Le chef du MPA enchaîne en critiquant les personnalités et les partis qui ont « voulu monter sur la vague » des manifestations du 22 février. « Même à l’étranger, des voix se sont fait entendre, les mêmes voix sionistes qui, dans les années 1990, usaient du « qui tue qui « et qui aujourd’hui appellent à un nouveau « printemps arabe » en Algérie, comme ce fut le cas en Syrie, en Libye et en Égypte. Il est vrai que nous devons écouter nos jeunes, mais la solution est le vote. Est-il possible, dans la conjoncture que nous vivons, que la solution vienne de la rue ? Personnellement, je ne le pense pas. Et certains appellent l’armée à intervenir. Nous avons un sérieux problème avec eux car ils ont une relation schizophrénique avec notre armée. Quand, ils sont à l’aise, ils disent que l’armée doit rester dans les casernes. Et quand surgissent les problèmes, ils lancent des appels à l’armée pour qu’elle intervienne pour solutionner les problèmes ».

S’appuyant sur les récents propos du chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, le président du MPA affirme que l’armée est une institution constitutionnelle et républicaine « qui protège le peuple algérien et l’Algérie ».

Selon lui, Abdelaziz Bouteflika ira vers la présidentielle avec un bilan de vingt ans qui se défend et « un nouveau projet politique ». Au cœur de ce projet figure la conférence de consensus national après la présidentielle dans le cas où Bouteflika est réélu. Une conférence « qui proposera des réformes politiques et économiques profondes ».


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