Les autorités françaises n’ont pas encore tranché concernant l’identité de celui qui remplacera Xavier Driencourt au poste d’ambassadeur de France en Algérie.
Dans une réponse à une question de TSA, l’ambassade de France à Alger confirme le départ à la retraite de M. Driencourt, mais assure n’avoir pas pris connaissance de quelque procédure relative à la nomination de son remplaçant.
« L’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, partira à la retraite à la fin du mois de juillet 2020 comme prévu de longue date », affirme l’ambassade.
Le décret de sa mise à la retraite a même été publié au journal officiel de la République française en février dernier. Né en 1954, l’actuel ambassadeur a atteint la limite d’âge et son maintien ne peut survenir que pour des raisons exceptionnelles. Ce qui n’est pas le cas actuellement.
Un départ en plein froid diplomatique entre Alger et Paris
« Par arrêté du ministre de l’Europe et des affaires étrangères en date du 31 janvier 2020, M. Driencourt (Xavier), ministre plénipotentiaire hors classe, est admis à faire valoir ses droits à la retraite, par limite d’âge, à compter du 2 août 2020 », est-il écrit dans le décret publié au Journal officiel de la République française du 11 février 2020.
La mise à la retraite de Xavier est donc une procédure normale prévue de longue date. Mais la date de son départ a coïncidé avec le froid diplomatique entre les deux pays, marqué notamment par le rappel par l’Algérie de son ambassadeur à Paris fin mai dernier suite à la diffusion de chaînes de télévision publiques françaises de reportages sur la situation en Algérie, très mal perçus à Alger. Fin mars, l’Algérie s’était déjà plaint de propos tenus par un consultant de France24 sur la gestion de la crise du coronavirus par les autorités algériennes.
D’où les spéculations qui s’en sont suivies, présentant le changement de l’ambassadeur de France comme une conséquence de la mini-crise diplomatique.
Les spéculations se sont étendues à l’identité du nouvel ambassadeur et un nom a même été avancé : François Gouyette, actuellement en poste en Arabie Saoudite.
« L’ambassade de France en Algérie a pris note de certaines rumeurs dans les médias s’agissant de l’identité du successeur de M. Driencourt, rumeurs présentées comme des affirmations », indique la représentation diplomatique française.
« La nomination d’un ambassadeur relève d’une décision du Président de la République française prise en Conseil des ministres. Cette nomination fait ensuite l’objet d’une demande d’agrément à l’État hôte. À la connaissance de l’ambassade de France, aucune de ces procédures n’est intervenue s’agissant de la nomination d’un nouvel ambassadeur en République algérienne démocratique et populaire », poursuit la même source.
Une décision très attendue
Cela dit, s’agissant d’une ambassade de première importance pour la France au vu du poids et de la sensibilité des relations entre les deux pays, il est certain que le poste ne restera pas longtemps vacant et un nouvel ambassadeur devrait être nommé avant la fin du mois prochain.
Le président Macron est appelé à vite trancher. M. Gouyette a derrière lui une riche carrière de diplomate ayant servi dans plusieurs pays du Moyen-Orient et du Maghreb (ambassadeur successivement en Libye, en Tunisie et en Arabie Saoudite). Sa maîtrise de la langue arabe est aussi avancée comme un atout, même si cela ne constitue pas un critère déterminant, vu que la langue française est très largement utilisée en Algérie tant dans la société que dans la presse et tous les niveaux de l’administration.
Mais une raison toute simple ne plaide pas pour sa nomination. Né en 1956, il atteindra l’âge de la retraite dans une année et il est peu probable que le gouvernement français désigne un « intérimaire » pour un poste aussi important, a fortiori dans une conjoncture sensible. A moins de le charger d’une mission ad-hoc, c’est-à-dire précise et limitée dans le temps.
Normalisation des relations
Emmanuel Macron pourrait aussi, estiment les observateurs, opter pour un « politique », voire pour un « binational ».
Quoi qu’il en soit, la décision lui appartient et elle est très attendue du côté d’Alger où le président Abdelmadjid Tebboune a plaidé récemment pour la normalisation des relations entre les deux pays, assurant qu’il n’avait « aucun problème » avec son homologue français.
« J’ai dit par rapport à la France qu’il y a des lobbies, et nous avons évoqué ce sujet, qui cherchent à allumer le feu, parce que la France et l’Algérie, sont deux pays indépendants, deux grands États, un en Afrique et l’autre en Europe. Il faut qu’on travaille ensemble, mais il ne faut pas laisser ces lobbies nous conduire sur une autre voie, celle de la confrontation, nous avons nos enfants là-bas. Ne serait-ce que pour eux, on est obligés de travailler avec ce pays », a indiqué le chef de l’État algérien lors de son entrevue avec des représentants de la presse diffusée vendredi dernier.