Politique

Amnesty dresse un tableau noir de la situation des droits humains en Algérie

L’ONG de défense des droits humains, Amnesty International, a dénoncé ce mercredi les violations des droits humains commises durant l’année 2020 par l’Etat algérien.

« Cette année encore, les autorités ont arrêté et poursuivi en justice des manifestant·e·s pacifiques, des journalistes, des militant·e·s et des citoyen·ne·s qui n’avaient fait qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, dans le cadre du mouvement de protestation de grande ampleur connu sous le nom de ‘’Hirak’’ », affirme Amnesty International dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde en 2020/21.

« Toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans condition. Les autorités algériennes doivent rompre avec leurs pratiques répressives en matière de libertés fondamentales et réformer la législation nationale afin de garantir une justice indépendante et équitable pour toutes et tous », a déclaré Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, dans un communiqué diffusé à l’occasion de la publication du rapport.

« De nouvelles mesures législatives ont encore restreint les droits à la liberté d’expression et d’association, en instaurant de lourdes sanctions pénales pour la diffusion de ‘’fausses nouvelles’’ et pour le fait de recevoir certains types de financements provenant de l’étranger », signale également Amnesty dans son rapport.

« Les pouvoirs publics ont utilisé la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour multiplier les arrestations de militant·e·s, de journalistes et de blogueurs et blogueuses qui critiquaient les autorités en ligne, s’appuyant dans la plupart des cas sur des dispositions du Code pénal pour engager des poursuites à leur encontre », dénonce l’ONG internationale.

« Les autorités ont profité du fait que la pandémie monopolisait l’attention de la communauté internationale pour adopter des modifications du Code pénal rendant la diffusion de fausses nouvelles passible d’une peine maximale de trois ans de prison », fustige également le rapport d’Amnesty.

Amnesty International met également en lumière dans son rapport que l’Etat algérien « a amélioré la protection des femmes, mais a introduit des restrictions injustifiées des droits et libertés en conditionnant l’exercice de la liberté d’expression au respect des valeurs religieuses et culturelles », signalant en outre que les autorités « ont entravé le fonctionnement des églises chrétiennes et harcelé des membres de la communauté religieuse ahmadie ».

Amnesty International consacre par ailleurs un volet à l’indépendance de la justice algérienne. « La nouvelle Constitution ne supprimait pas le contrôle de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire et ne garantissait toujours pas l’indépendance de la justice », affirme le rapport de l’ONG, qui cite également le cas du procureur ayant fait l’objet d’une mutation après avoir plaidé en faveur l’acquittement de seize manifestants pacifiques.

« En février (2020), le ministère de la Justice a ordonné la mutation du procureur Sid Ahmed Belhadi à El Oued, à 600 kilomètres au sud d’Alger, deux jours après qu’il eut plaidé, devant un tribunal d’Alger, en faveur de l’acquittement de 16 personnes arrêtées pour avoir participé pacifiquement au Hirak en janvier. Le Syndicat national des magistrats a qualifié cette mutation de ‘sanction politique et mesure de représailles’ », indique le rapport d’Amnesty, précisant en outre qu’une « grève nationale des avocat·e·s a été organisée les 30 septembre et 1er octobre pour réclamer le respect des droits de la défense et l’équité des procès ».

Pour l’ONG internationale, la nouvelle constitution algérienne « ne répond pas aux normes internationales et régionales des droits humains, dont certaines dispositions sont incompatibles avec les obligations internationales qui incombent à l’Algérie aux termes de la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et du pacte international relatif aux droits civils et politiques », affirme Amnesty.

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