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An I de la présidence Tebboune : une année à oublier

An I de la présidence Tebboune : une année à oublier

Même les plus pessimistes et les plus farouchement opposés à l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 ne pouvaient pas entrevoir une année aussi chargée d’épreuves pour l’Algérie : crise sanitaire, baisse des prix du pétrole, tour de vis sur les libertés, maladie du président de la République, situation bouillonnante dans la région et aux frontières…

Abdelmadjid Tebboune a été élu le 12 décembre et a prêté serment le 19 avec la promesse phare de bâtir « la nouvelle Algérie », de satisfaire les revendications du hirak « béni », qui occupait encore la rue, donc de démocratiser le pays, puis de relancer la machine économique, de poursuivre la lutte contre la corruption…

Une année après, le constat est presque unanime chez les acteurs du hirak, l’opposition politique et les défenseurs des droits de l’Homme : le pays n’a pas fait beaucoup de pas vers le renouveau escompté. Pour certains, la maladie surprise du président pourrait même signifier un retour à la case départ.

Quatre jours après la prestation de serment du nouveau chef de l’État, l’homme qui a joué un rôle clé dans le processus ayant mené à son élection, le chef d’état-major de l’ANP Ahmed-Gaïd Salah, meurt subitement d’un arrêt cardiaque le 23 décembre.

La machine de l’armée étant huilée, et l’élection d’un nouveau président aidant, l’événement n’avait en rien chamboulé les plans du pouvoir. Le défunt est remplacé le jour-même et la « nouvelle Algérie » pouvait entamer sa marche.

Mais ce sera une marche jalonnée d’embûches et surtout d’imprévus. Abdelmadjid Tebboune n’aura pas sa période de grâce. Dès fin février, le virus de Covid-19, apparu en Chine à la fin de l’année précédente, arrive en Algérie.

Si, sur le plan politique, la pandémie a soulagé le nouveau pouvoir en mettant en veille les marches hebdomadaires du hirak, ses répercussions économiques et sociales sont incalculables.

Plusieurs secteurs d’activité sont contraints à l’arrêt, les frontières fermées, des dépenses supplémentaires sont induites et, par-dessus tout, les prix du pétrole, principale ressource du pays, fondent comme jamais.

Fin avril, le brut américain est vendu à -37 dollars, et le baril de Brent, référence pour le pétrole algérien, descend sous les 20 dollars.

En dix mois, la pandémie a touché plus de 90 000 Algériens et en a tué plus de 2 500 autres et le confinement a, par moments, concerné tout le territoire national. Le bilan n’est nuancé que par la comparaison avec la situation dans les États voisins et dans de nombreux pays avancés.

Une centaine de détenus, recul en matière de libertés

La simultanéité des mesures de prévention avec un sérieux tour de vis sur les libertés a valu aux autorités d’être soupçonnées de faire de la pandémie une opportunité pour tordre le cou définitivement à la contestation.

« En Algérie, on a fait un recul, y compris pour des textes élaborés durant les siècles derniers », dénonce la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH) dans son dernier rapport.

Exagération ou pas, les faits sont là et ils sont difficilement contestables. Selon les chiffres du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une centaine d’activistes, internautes, acteurs politiques et journalistes sont toujours détenus, sans compter ceux qui ont purgé leur peine, des journaux électroniques sont bloqués et des partis politiques se sont plaints d’entraves même pour la tenue de leurs réunions organiques.

La situation vaudra au pays une condamnation, certes symbolique, sur la scène internationale avec la résolution du Parlement européen votée jeudi 28 novembre.

Et pendant que les réformes économiques promises sont mises de côté, des lois qualifiées de « liberticides » par des acteurs de l’opposition sont votées avec une rare célérité, comme la révision du Code pénal qui introduit des peines pour la diffusion de fausses informations ou encore le récent décret exécutif signé par le premier ministre Abdelaziz Djerad perçu par certains comme une velléité de mise au pas de la presse électronique.

Tebboune : une cinquantaine de jours d’absence

Autre priorité que le pouvoir n’a pas perdue de vue, la révision de la Constitution. Le référendum a bien eu lieu le 1er novembre, mais le pari n’est pas tout à fait tenu.

D’abord à cause de la très forte abstention (76 %), ensuite parce que la nouvelle loi fondamentale n’est toujours pas entrée en vigueur plus d’un mois et demi après son adoption, faute de président pour la promulguer.

Abdelmadjid Tebboune est en effet absent de l’espace public depuis une cinquantaine de jours. Atteint de coronavirus, il s’est mis d’abord en « isolement volontaire », hospitalisé à l’hôpital de l’armée puis transféré en Allemagne le 28 octobre.

Depuis, la communication officielle sur son état de santé se fait de manière très parcimonieuse et aucune image de lui n’est diffusée. Il y a deux semaines, son retour au pays était annoncé pour « les prochains jours », puis plus rien.

« L’entité sioniste est à nos frontières »

Et au moment où les Algériens, qui ont encore en tête le triste épisode de la longue maladie de Bouteflika, espéraient des nouvelles du président, c’est une bien inquiétante nouvelle qu’ils auront sur un autre registre, avec ce « deal entre colons » qu’est la normalisation des relations entre le Maroc et Israël et la reconnaissance par les États-Unis de Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

« L’entité sioniste est à nos frontières », a résumé ce samedi 12 décembre le Premier ministre Abdelaziz Djerad.

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