Le Cheikh Mansour peut être satisfait: 10 ans après avoir racheté Manchester City, ses milliards ont transformé ce club éternellement décevant en roi du football anglais.
Avec le titre décroché la saison passée sous la houlette de Pep Guardiola, les Citizens version émiratie semblent ainsi être entrés dans une nouvelle ère, culmination d’un plan d’investissements qui a ébranlé la Premier League jusque dans ses fondations.
Cette dernière décennie, Mansour a dépensé plus de 1,2 milliard de livres (1,3 milliard d’euros) pour faire de son équipe la championne de la ville, devant Manchester United, et la championne d’Angleterre tout court, avec un joli bilan de trois titres, trois Coupes de la Ligue et une Cup depuis son arrivée.
Et cette saison encore, City veut continuer à remporter des trophées, espérant devenir la première équipe anglaise à conserver son titre depuis United en 2009 tout en lorgnant bien entendu sur la Ligue des champions, qui manque encore à son palmarès.
Depuis l’arrivée du Cheikh Mansour et de Khaldoon Al Mubarak, nommé président du club, Manchester City a élargi son horizon et arrêté de penser seulement au marché local: « Toutes les équipes qui veulent vous faire signer ont les mêmes arguments: +Nous avons un grand projet, de grandes ambitions, on veut réaliser ceci, cela+ », explique le défenseur belge Vincent Kompany, capitaine de longue date des Citizens. « J’ai juste eu de la chance, City est le seul club qui n’ait pas menti ».
– Complexe d’infériorité –
Pourtant l’horizon n’était pas tout bleu quand Mansour et son Abu Dhabi United Group ont racheté le club le 1er septembre 2008, au Thaïlandais Thaksin Shinawatra pour 210 millions de livres (232 millions d’euros). City vivotait alors dans l’ombre de son voisin United, qui avait terminé champion la saison précédente, 32 points devant.
Le complexe d’infériorité était bien ancré après des décennies d’échecs, ponctués par des épisodes croquignolesques comme cette fin de saison 1996-1997, quand l’entraîneur Alan Ball avait demandé à ses joueurs de défendre à la fin de la dernière rencontre du championnat, croyant, à tort, qu’un match nul les sauverait… Le club fut relégué avant de tomber même au 3e niveau en 1998-1999.
La situation s’était stabilisée avant l’arrivée de Mansour, mais leur meilleur classement les six saisons précédentes en Premier League restait une piètre 12e place.
Et la composition de l’équipe pour le premier match après l’arrivée du Cheikh, une défaite 3-1 à domicile contre Chelsea, montre le chemin parcouru depuis, quand City comptait parmi ses titulaires des joueurs de seconde zone comme Michael Ball, Stephen Ireland, Richard Dunne, ou l’attaquant brésilien Jo, dont le passage à Manchester n’a pas laissé d’impérissables souvenirs.
– Passation de pouvoir –
« Les gens oublient qu’il y a 10 ans il était impensable que City s’élève ainsi », a rappelé un ancien dirigeant du club au journal britannique Daily Mail. « Construire l’équipe que Guardiola a pris en main signifiait construire une équipe de classe mondiale. A l’époque les joueurs soit n’avaient jamais entendu parler de nous, soit on ne les intéressait pas. »
Les nouveaux propriétaires avaient marqué leur arrivée en recrutant aussitôt l’attaquant brésilien Robinho, considéré alors comme l’un des joueurs les plus prometteurs du monde. De quoi annoncer la couleur. Mansour poursuivait ensuite son shopping jusqu’à ce que les premiers trophées tombent, avec la première FA Cup en 42 ans remportée par les Citizens en 2011.
Et les changements ne sont pas intervenus que sur le terrain, le club se dotant d’un centre de formation de premier plan, tandis que le « City football group » de Mansour possède aujourd’hui cinq autres clubs de par le monde.
« Quand je suis arrivé Khaldoon Al Mubarak m’a expliqué où le club voulait aller, et comment il allait y arriver. Et il ne s’est pas trompé une seule fois », a témoigné l’ancien gardien Shay Given.
Le titre de Premier League conquis en 2012 par l’équipe alors dirigée par Roberto Mancini a sonné comme une passation de pouvoir, quand City a succédé à United. Depuis, le paysage du football à Manchester a sérieusement évolué, l’emblématique entraîneur des Red Devils Alex Ferguson prenant sa retraite peu après, signal d’un inexorable déclin à Old Trafford, dont a largement profité City.
Et avec le génial Pep Guardiola à la barre de l’équipe et des ressources financières monumentales, la prochaine décennie pourrait même être encore plus spectaculaire.