À la veille de la célébration du deuxième anniversaire du Hirak, la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LADDH) dresse un tableau noir de la situation du pays en matière de libertés et de respect des droits humains.
« Au lieu de faire prévaloir l’intérêt de la société et du pays en répondant de manière globale par le dialogue et la concertation à cette exigence de changement, les tenants du pouvoir ont reconduit les vieilles pratiques de la répression et du verrouillage des espaces du libre débat », déplore la Ligue dans une déclaration datée de ce mardi 17 février et signée par son président Noureddine Benissad.
« Le bilan est accablant au cours de ces deux années : trop d’arrestations arbitraires, trop de condamnations routinières, trop d’exclusion, de détresse et de misère. La LADDH affirme une fois de plus que le pouvoir emprunte une voie dangereuse pour l’avenir du pays au lieu de s’attacher à valoriser le pacifisme exemplaire avec lequel s’exprime la demande de changement des Algériens », lit-on encore dans la déclaration.
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Le changement est « possible«
Le changement reste néanmoins « possible » pour la LADDH, qui selon elle, « se fonde sur le respect des droits humains qui est une obligation légale, politique et morale pour tous et pour les détenteurs de pouvoir en premier lieu. »
La LADDH appelle ainsi à « la libération de tous les détenus d’opinion, à la fin des arrestations arbitraires et à la cessation de poursuites à l’encontre de citoyens pour des motifs politiques ».
Elle appelle aussi à « enclencher, sans tergiverser, des procédures judiciaires à chaque fois que sont alléguées des cas de torture et d’atteintes à la dignité des personnes », « au respect des libertés d’opinion, d’expression, de réunion, de manifestation pacifique d’organisation et des libertés syndicales », à abroger toutes les lois liberticides et à engager une profonde réforme de la justice.
La LADDH réitère en outre son appel « à la convocation des états généraux sur la justice » et à la libération des champs politique et médiatique, qui sont des exigences basiques de la confrontation pacifique des idées, du débat contradictoire et du pluralisme et à « assurer à travers la primauté du droit des garanties aux opérateurs économiques et aux investisseurs afin de permettre une véritable relance de l’économie et de la libérer d’une corruption devenue systémique et stérilisante ».
S’alarmant de « l’extension de la pauvreté, du chômage et de l’aggravation de la situation des plus vulnérables », la LADDH estime impératif, surtout en cette situation de pandémie, « d’engager des mesures concrètes et immédiates », considérant qu’au vu des défis économiques et sociaux qui se profilent, « seul un compromis historique pourra permettre, à travers l’édification d’un véritable État de droit, de préserver la cohésion sociale et la paix civile ».
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