Contrairement au RND, le FLN n’a toujours pas réagi à la proposition d’application de l’article 102 de la Constitution formulée par Gaid Salah. Hier, un communiqué émanant de contestataires qui se présentent comme membres du « comité central » a été diffusé. Mais il n’émane pas de l’instance dirigeante du parti, dirigée par Moad Bouchareb.
Si le FLN n’a pas réagi c’est aussi à cause des divisions qui le minent. Le parti est aujourd’hui divisé en une multitude de tendances aux positions diamétralement opposées. Mais pas seulement. La direction actuelle du FLN souffre d’illégitimité au regard des statuts et du règlement intérieur du parti. En effet dans aucun article ou disposition de ces textes fondamentaux du FLN ne figure l’instance de coordination que dirige actuellement Mouad Bouchareb, le président de l’assemblée nationale par ailleurs.
C’est sur ce point d’ailleurs que s’est cristallisée la contestation menée par Ahmed Boumehdi et un groupe de membres du comité central qui ont déposé cette semaine une requête auprès du conseil d’Etat. Dans cette requête, les pourfendeurs de Bouchareb n’exigent pas seulement la tenue d’une session du comité central qui ne s’est pas réuni, pour rappel depuis octobre 2016. Le groupe de Boumehdi demande également à Bouchareb de présenter le document de sa nomination au poste de coordinateur de l’instance exécutive, l’accusant au passage d’usurpation de fonctions.
Bouchareb qui ne détient pas le document en question aura du mal à justifier sa qualité au sein de l’instance dirigeante aux yeux de la justice. En ce sens qu’officiellement, et au regard de la loi, Bouchareb n’a pas la prérogative d’occuper son poste actuel et encore moins de s’exprimer au nom du FLN.
Conscient de cet état de fait surtout lorsqu’il a été destinataire de la requête des contestataires, le président de l’APN est avant tout préoccupé par l’impératif de régler le problème d’illégitimité qui le frappe. D’où le caractère urgent qu’a pris la préparation du congrès extraordinaire décidé pour fin avril-début mai, laquelle date est d’ailleurs contestée par ses pourfendeurs.
Toute autre question, y compris l’annonce de Gaid Salah devient superflue face à cette absence de légitimité et de légalité. « De quel communiqué parlez-vous ? Un document avec cachet, sans nom ni signatures : tout le monde peut le rédiger », réagit un membre de l’instance dirigeante du parti que nous avons interrogé sur le communiqué des contestataires.
Pour notre interlocuteur, le FLN a une priorité aujourd’hui : préparer le prochain congrès qui aura lieu en avril. « Ensuite, quelle importance a notre réaction ? Aujourd’hui, c’est le peuple qui décide. C’est lui qui va donner sa réponse et c’est la seule réponse qui compte », poursuit-il.
Face aux interrogations quant à l’absence de réaction du FLN par rapport à l’annonce de Gaid Salah, Bouchareb s’est concerté, hier, sur cette question avec les députés, sénateurs, ministres et membres du comité central. Cette concertation ne s’est cependant pas soldée par un positionnement clair à propos de l’article 102 de la Constitution.