Malgré les fortes pressions exercées par le FLN, parti majoritaire à l’APN, Moad Bouchareb tient bon. Le président de l’APN, considéré comme le troisième B dont le départ est réclamé par les manifestants, fait de la résistance.
La semaine dernière, il a refusé de céder aux injonctions du secrétaire général du parti, Mohamed Djemai. Il a ignoré les appels et les menaces du groupe parlementaire du FLN. Ce dernier, qui a gelé ses activités, lui a conseillé de partir dignement.
Mercredi, des députés FLN, proches de l’actuelle direction, ont pris d’assaut le bureau du président de l’APN. Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit un échange vif entre certains députés et Moad Bouchareb. Les députés ont tenté de rééditer le scénario Bouhadja, quand ce dernier avait été destitué en octobre dernier par les mêmes députés du FLN, appuyés par ceux du MPA, du RND et de TAJ. Sans succès. Non seulement Moad Bouchareb a refusé de céder mais il a mené une surprenante contre-attaque dès le lendemain.
Jeudi, des députés FLN ont, en effet, désavoué l’assaut de leurs collègues contre le bureau du président de l’APN, jugeant « scandaleux » leur comportement.
Dans un communiqué, ces députés – on parle de 80 – ont dénoncé les « tentatives de disperser les rangs du parti et de déstabiliser l’institution ». « Cette institution nous impose un esprit de responsabilité surtout dans cette étape que travers le pays », ont-ils affirmé.
A la direction du FLN qui met en avant les revendications populaires pour justifier son offensive, Moad Bouchareb et ses appuis opposent les déclarations du général Gaid Salah sur la « stabilité des institutions ». Une situation qui aggrave la crise au sein de l’APN et risque de diviser de nouveau le FLN.
Pour ses adversaires, il ne fait aucun doute : Moad Bouchareb bénéficie de l’appui de Noureddine Bedoui et de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh. « Les députés qui sont montés au créneau jeudi pour défendre Bouchareb sont connus pour leur proximité avec les anciens de Bouteflika. Ils ont majoritairement été parachutés dans leur circonscription soit par Tayeb Louh, soit par Bedoui qui était ministre de l’Intérieur », explique une source proche de l’ancien parti unique.
« C’est une sorte de solidarité entre les B. Ils se soutiennent mutuellement. Moad Bouchareb offre une tribune au gouvernement malgré l’opposition des députés. Pour Bedoui, tant que Bouchareb est en poste, son propre départ peut attendre », poursuit notre source.
Moad Bouchareb bénéficie également de l’appui discret d’Ahmed Ouyahia. Les députés RND ont été invités à rester à l’écart du conflit actuel au sein de l’APN. Or, sans l’appui d’une partie de ses députés et de ceux du RND, le FLN est impuissant face à Moad Bouchareb. Le départ de ce dernier de la tête de l’APN devient de moins en moins probable. A moins d’une injonction, comme l’a laissé entendre l’intéressé la semaine dernière.