Le groupe parlementaire du FLN à l’APN a boudé ce mercredi une rencontre sur les massacres du 8 mai 1945, pour marquer son opposition au président président de la chambre basse du Parlement, Moad Bouchareb.
Le groupe dit qu’il ne faut pas tourner le dos au mouvement de contestation populaire qui réclame le départ de Bouchareb, l’un des trois « B » rejetés par la rue avec Abdelkader Bensalah, chef d’État par intérim, et Noureddine Bedoui, premier ministre.
Désormais, les députés du FLN réclament la démission de Bouchareb.
Après avoir été éjecté de la présidence de la Coordination provisoire du FLN, Moad Bouchareb, qui garde le silence, est poussé vers la porte de sortie par les mêmes qui l’avaient soutenus, l’automne 2018, pour l’imposer président du Parlement malgré le refus de l’opposition.
Le 24 octobre dernier, Mohamed Djemiai, actuel secrétaire du FLN, ex-président du groupe parlementaire du FLN, avait pris la parole pour défendre la candidature de Moad Bouchareb à la présidence de l’APN, imposée par Said Bouteflika, en préparation du « projet » du 5e mandat.
Djemiai et les autres députés du FLN se sont rebellés contre Said Bouhadja, militant du parti, pour l’obliger à démissionner du poste du président de l’APN, sans donner des explications politiques à leur acte et à leur soudaine révolte.
Un retour de Said Bouhadja à la présidence de l’APN ?
Ils peinaient à cacher le fait qu’ils n’étaient pas libres de leurs mouvements ni de leurs paroles. Ils avaient grandement contribué au scandale de la fermeture des portes de l’APN par des cadenas pour empêcher Said Bouhadja d’y rentrer. Des images qui ont fait le tour du monde. À ce jour, les Algériens ne savent toujours pourquoi Said Bouhadja a été forcé de quitter la présidence de l’APN sans démissionner.
Lui-même n’a pas dit grand-chose sur cette affaire. Après des mois de réserve, Said Bouhadja, qui reste toujours président de l’APN malgré le retrait de la couverture politique par son parti, envisage de saisir le Conseil d’État pour essayer de reprendre son poste puisqu’il a été élu pour le mandat de l’Assemblée qui ne s’achèvera qu’en 2022.
Le FLN, qui a soutenu tous les mandats, choix et programmes d’Abdelaziz Bouteflika depuis 1999, tente péniblement de retrouver une nouvelle virginité en gardant les mêmes habits.
Mohamed Djemiai a affirmé que le FLN était « kidnappé », sans dire dans quelles conditions, et a demandé « pardon » au peuple algérien. « Nous avons fait passer des choses à contrecœur. Le FLN a été obligé de mettre des vêtements souillés en raison de certains comportements », a-t-il concédé.
La désignation de Moad Bouchareb à la tête de l’APN, puis du FLN, a visiblement été acceptée à « contrecœur ». Pourquoi Mohamed Djemai et les autres militants du FLN, dont des professionnels de la dénonciation, n’avaient rien dit ? Manque de courage ? Résignation ? Il est évident que le FLN, qui a perdu beaucoup de sa crédibilité et de son aura auprès de la population, trouvera beaucoup de difficultés à remonter la pente et à se replacer sur l’échiquier politique aujourd’hui que les Algériens réclament des changements à tous les niveaux.