Politique

APN : Moad Bouchareb, un « jeune » à la place du Moudjahid Bouhadja

PORTRAIT. C’est la surprise du chef. Même si le patron du groupe parlementaire FLN à l’APN, Moad Bouchareb, figurait sur la short-list des candidats potentiels, sa désignation est tout de même une surprise. Elle l’est d’autant plus que le député de Aïn Oulmène, dans la wilaya de Sétif, aux trois mandats, partait dans la course à la présidence avec un handicap de taille : son âge, 47 ans.

Dans un pays où la moyenne d’âge des plus hauts responsables frise les 80 ans pour certains d’entre eux, l’arrivée d’un « jeunot » pour diriger la quatrième institution de l’État est un événement… qui ne doit rien au hasard. En effet, le précédent président, Saïd Bouhadja, est âgé de 80 ans. « C’est incontestablement une manière de répondre à l’ancien président de l’APN en installant à la tête de l’institution un homme qui a la moitié de son âge », juge un député FLN, sous le couvert de l’anonymat. Une pique de plus, contre celui qui a refusé de démissionner et provoqué une crise sans précédente à l’APN.

Si le futur président de l’APN peut déteindre dans le paysage par son âge, il est loin d’être un novice en la matière et peut se prévaloir d’un sacré parcours à l’APN, dont il connaît tous les rouages et maîtrise tous les codes. Dans la crise qu’a connue l’APN, Moad Bouchareb a été dès le départ l’un des initiateurs de la manœuvre contre M Bouhadja. « C’est dans son bureau à l’APN qu’a eu lieu la réunion qui a scellé le sort du président de l’APN, alors que ce dernier était en France pour des soins », affirme un autre député qui ne cache pas son opposition à cette nomination et qui lie cette promotion aux liens très forts qui unissent Bouchareb au conseiller à la Présidence Benamar Zerhouni et au puissant sénateur du tiers présidentiel Madani Houd. « C’est Zerhouni et Houd qui, dès le départ de la crise à l’APN, agissaient en coulisse au bénéfice de Moad Bouchareb », affirme le député.

Dans le parcours du nouveau président de l’APN, la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. En 2015, et alors qu’il est vice-président de l’institution sous la présidence de Mohamed Ould-Kalifa, Bouchareb a dû batailler contre le secrétaire général du FLN de l’époque, Amar Saïdani qui demandait sa tête. Cette tentative rapprocha un temps le futur président de l’APN de la coordination de la direction unifiée du FLN, soit les adversaires de Amar Saâdani. « Il nous a rejoints quand il était en difficulté et avait besoin de notre aide. Mais nous a quittés dès que la menace qui pesait sur lui avait disparu », se rappelle Boualem Djaffer, sénateur FLN. Au sein de la coordination, l’amertume et le ressentiment contre M. Bouchareb restent vivaces. « C’est un bon équilibriste », nous a répondu un ancien membre du CC du parti.

En Mai 2017, le parti choisit de confier la direction du groupe FLN à l’APN au député de Tizi-Ouzou, Said Lakhdari, mais sa nomination trois mois plus tard au BP pousse Djamel Ould Abbès à installer M. Bouchareb à la tête du groupe du parti à l’assemblée. « C’est un grand militant du FLN, discipliné, connu pour ses compétences et qui a toujours été proche des députés du parti », affirme Said Lakhdari, séduit par la nomination car elle lui « paraît la plus logique ».


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