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Appel à des élections anticipées : une crise politique se profile au Maroc

Appel à des élections anticipées : une crise politique se profile au Maroc

Le Maroc fait face à une grave crise économique et sociale que le gouvernement du Premier ministre Aziz Akhannouch, en poste depuis octobre 2021, n’est pas parvenu à endiguer.

Les difficultés économiques du royaume risquent de déboucher sur une crise politique aiguë avec le lancement de premiers appels à des élections anticipées, donc au départ du gouvernement.

Celui-ci a « perdu la confiance des Marocains », estime le Parti de la justice et du développement (PJD), dont le groupe parlementaire à la Chambre des représentants (chambre basse) a appelé, lundi 8 juillet, à la tenue d’élections législatives anticipées, rapportent de nombreux titres de la presse marocaine, dont le site Yabiladi.com.

Le PJD réclame des élections anticipées

Le PJD, issu de la mouvance islamiste, avait dirigé le gouvernement marocain pendant dix ans, entre 2011 et 2021. Son implication dans les accords de normalisation avec Israël en décembre 2020, signés de la main du chef du gouvernement issu de ses rangs, Saadeddine El Othmani, est en partie derrière sa défaite aux élections de septembre 2021 remportées par le Rassemblement national des indépendants dont le chef, Aziz Akhannouch, sera chargé de former un gouvernement de coalition avec le PAM (Parti de l’authenticité et de la modernité) et le parti de l’Istiqlal.

Les élections de 2021 ont eu lieu dans le contexte de la crise sanitaire qui a généré une inflation record aggravée par les retombées de la guerre en Ukraine.

Les prix des produits alimentaires et des carburants ont flambé et le Maroc a vécu au rythme de mouvements sociaux sporadiques auxquels est venue s’ajouter la contestation de la normalisation après le déclenchement de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Le Maroc a connu plus de 11.000 manifestations en 2023, dont plus de la moitié pour protester contre la hausse des prix, a indiqué le président du Conseil national des droits humains au Maroc Amina Bou Ayach mardi 2 juillet.

Le gouvernement de Aziz Akhannouch, un homme d’affaires proche du palais royal, est accusé de n’avoir pas tenu ses engagements économiques et sociaux.

Espérant revenir au pouvoir, le PJD s’est inspiré de ce qui se passe en France et au Royaume-Uni où des élections législatives anticipées ont eu lieu en ce début juillet.

Maroc : après la crise économique et sociale, la crise politique ? 

Le gouvernement Akhannouch "aurait tout intérêt« à suivre les exemples français et britannique, a estimé le groupe parlementaire du parti islamiste au cours d’une réunion présidée par l’ancien maire de Meknès, Abdellah Bouanou, qui a mis en avant la »confiance" du peuple que le gouvernement a, selon lui, perdu.

Dans des déclarations à des médias proches de son parti et reprises par le journal en ligne Yabiladi, Bouanou a assuré que son appel "n’est pas motivé par des considérations partisanes ou par une tentative de parasiter le gouvernement« , expliquant qu’il s’agit en fait d’un appel à »un exercice démocratique qui prend en compte la confiance placée par les citoyens dans les partis politiques".

Selon lui, c’est cette même "confiance du peuple" qui a amené les dirigeants français et britanniques à provoquer des élections anticipées.

Occultant la normalisation avec Israël dont son parti est pleinement responsable, le dirigeant du PJD a préféré mettre l’accent sur les crises aux niveaux économique et social, résultat des "grandes erreurs" accumulées par le gouvernement dans la gestion des affaires publiques.

"Aucun secteur n’a été épargné par les protestations et les grèves, et le gouvernement n’a pris aucune mesure efficiente pour préserver le pouvoir d’achat et atténuer les effets de l’inflation", a accusé Abdallah Bouanou qui cite, entre autres griefs, les conflits d’intérêts, le chômage et le recul des indicateurs économiques.

Ce que confirment les chiffres officiels et laissent constater les mouvements de protestation sporadiques à travers le royaume ces dernières années.

Outre la normalisation et les difficultés économiques et sociales, le Maroc est aussi régulièrement ébranlé par des scandales retentissants impliquant la classe politique.

Des dirigeants du PAM ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur le réseau du narcotrafiquant appelé le "Pablo Escobar du Sahara" et la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, s’est retrouvée récemment au centre d’un scandale de mœurs.

Actuellement, ce sont les facultés de médecine et de pharmacie marocaines qui bouillonnent.

Cette situation tendue a fissuré la solidarité gouvernementale. La presse marocaine fait état de relations "de plus en plus tendues« entre le gouvernement et sa majorité parlementaire et avec l’opposition qui dénonce son »muselage" et des atteintes à sa liberté de s’exprimer.

Le contexte est plus que jamais explosif au royaume et les observateurs entrevoient une crise politique majeure qui se profile à l’horizon.

Maroc : une croissance lente, un taux de chômage élevé

L’appel du PJD à des élections anticipées survient alors que l’économie marocaine accuse sérieusement le coup, avec une croissance de 2,5 % au premier trimestre 2024, contre 3,9 % durant la même période de 2023, selon les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP), dévoilés début juillet.

Plus inquiétant, l’économie marocaine devrait évoluer lentement cette année, plombée par la baisse de la consommation des ménages qui pâtit du recul du pouvoir d’achat.

Autre indicateur inquiétant : la baisse inquiétante des investissements directs étrangers (IDE) dans le royaume qui a enregistré seulement 1,09 milliard de dollars en 2023.

Le site 360.ma pointe le niveau le plus bas des IDE au Maroc depuis 19 ans. À cela s’ajoutent une inflation à deux chiffres (13 %) et un taux de chômage élevé qui est passé de 12,9 % à 13,7 % au premier trimestre 2024.

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