Le communiqué du Ministère du Commerce est tombé à la veille du Ramadhan. Largement diffusé dans les médias, il a donné une once d’espoir aux consommateurs. Afin de mettre un terme à la spéculation sur les produits de consommation durant le mois sacré, un dispositif est mis en place. Des prix de référence des produits ont été établis et publiés.
Cette liste permet de distinguer le prix réel des produits appliqué entre les réseaux de distribution et le consommateur. Un indicateur et un moyen d’information et d’orientation pour les consommateurs, les opérateurs et les services de contrôle.
Muni de cette liste, nous nous sommes rendus dans trois marchés de la capitale : Marché Tnache, Marché Ali Mellah et Marché Ferhat Boussaad. La situation prêterait à rire si elle n’était pas grave. Les prix sont loin, très loin des prix de référence établis par le ministère du Commerce. Les vendeurs n’ont jamais entendu parler de ce dispositif. Quant aux consommateurs, ils fredonnent le célèbre refrain des marches citoyennes « Ya Sarakin, klitou labled » (voleurs vous avez pillé le pays).
La tomate, s’affiche à un prix prohibitif
Au marché Tnache de Belcourt, les prix ont accusé un bon en avant spectaculaire. Le pompon revient sans conteste à la tomate qui affiche effrontément un prix de 160 da le kilo. Sans rougir, le vendeur nous dit que c’est à prendre ou à laisser. (Prix de référence entre 90-110 da). La pomme de terre, dite aliment du pauvre, caracole à 65 da le kilo (45 à 50 da selon le prix de référence).
L’oignon frais est cédé à 90 da le kilo, du jamais vu depuis des années (prix de référence : 55 à 60 da). Les légumes se sont enflammés : carottes : 80 da ; haricots verts : 300 da ; poivron : 160 da ; petits pois : 150 da ; aubergine : 120 da ; navet : 80 da ; artichaut : 120 da, ail sec: 1000 da ; orange : 220 da, pomme 320 da, cantaloup : 200 da. Nous avons demandé à certains commerçants s’ils ont entendu parler des prix de références établis par le Ministère du Commerce, leur réponse était on ne peut plus claire : « Non. Nous répercutons nos prix par rapport à ceux pratiqués par le marché de gros ».
Dérouté par les prix, un consommateur visiblement énervé a scandé « Ya Sarakin, Klitou lablad » (voleurs, vous avez pillé le pays)
La spéculation a atteint son paroxysme
Au marché Ali Mellah (Place du 1 er mai), les vendeurs n’en font qu’à leur tête. Les prix de référence sont loin d’être appliqués. La palme d’or revient à la banane. À la veille du Ramadhan, ce fruit se vendait autour de 220 da le kilo. Son prix est subitement passé à 300 da, en dépit d’une grande opération de déstockage qui devait en faire le fruit le moins cher du marché durant le Ramadhan. Un vent de folie souffle sur tous les étals du marché Ali Mellah : Oignon rond : 100 da ; échalote: 80 da ; tomate : 160 da ; poivrons : 140 da… Les viandes ne font pas exception : faux-filet : 1550 da ; collier : 1450 da ; épaule : 1250 da, côtelette ; 1450 da ; foie : 3500 da. Nous sommes à mille lieux des prix de références du Ministère du Commerce : entre 750 et 950 da le kilo.
La mafia des marchés
Un tour au marché de Ferhat Boussaad (Ex- Meissonnier) confirme la débandade des prix et l’absence de contrôle. La spéculation est à son paroxysme et les prix frisent l’indécence, comme partout. La tomate est vendue à 160 da, la courgette à 120 da, la pomme de terre à 65 da, l’oignon à 100 da. « Où va-t-on comme ça » s’indigne un père de famille. « Nous nous sommes soulevés contre le système politique. Il faut aussi un ‘hirak’ aussi contre les commerçants spéculateurs. C’est eux la mafia des marchés ! »
En attendant que les agents du Ministère du Commerces descendent sur le terrain pour constater le décalage entre les prix de référence établis par leur tutelle et agir en conséquence, les consommateurs continuent de payer les pots cassés. L’annonce du dispositif visant à préserver le pouvoir d’achat des consommateurs est un coup d’épée dans l’eau. « Jusqu’à quand va-t-on continuer à balancer des promesses qui ne sont jamais tenues ? » s’interrogent les consommateurs échaudés.
Prix de référence des produits alimentaires importés
Découvrez la liste des prix de référence des produits agricoles et des viandes bovines importés :
Les produits | La nature saisonnière | Le prix de référence en gros (DA) | Le prix de référence en détails (DA) |
pommes de terre de consommation | Saisonnières | 40-45 | 45-50 |
Tomates | Tente en plastique | 60-80 | 90-110 |
oignons secs | Stockés | 45-50 | 55-60 |
La cébette (oignon vert ou jeune oignon) | Saisonnière | 20-25 | 30-35 |
La courgette | Tente en plastique | 45-60 | 65-80 |
La salade | Tente en plastique | 50-55 | 60-70 |
La carotte | Saisonnière | 35-45 | 55-60 |
L’ail sec | Stocké | 60-80 | 100-150 |
L’ail vert | Saisonnier | 30-40 | 50-60 |
La banane | 200-220 | 230-250 | |
Viande bovine surgelée | 650 | 750 | |
Viande bovine fraîche (par morceaux) | 820 | 950 | |
Viande bovine fraîche hachée (haute qualité) | 900 | 1000 | |
Viande bovine fraîche hachée (moyenne) | 700 | 800 |