Les pays occidentaux prennent très au sérieux la menace d’une perturbation de l’approvisionnement de l’Europe en gaz si la crise ukrainienne venait à s’enliser.
L’Algérie est parmi les alternatives envisagées. Disposant de réserves importantes et située non loin des côtes espagnoles et italiennes, pays avec lesquels elle est reliée par des gazoducs, l’Algérie pourrait constituer une solution pour remplacer une partie du gaz russe qui manquerait à l’Europe en cas de perturbations.
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Les États-Unis auraient déjà entamé les démarches dans ce sens. Selon l’agence Reuters, qui cite des sources proches du dossier, le gouvernement américain a demandé à avoir une réunion avec les producteurs étrangers opérant en Algérie pour voir si des quantités supplémentaires pourraient provenir de ce pays.
Parmi les compagnies contractées, figurent ENI (Italie), Total Énergies (France) et d’autres sociétés de la région, notamment Equinor et Occidental petroleum corp.
Reuters ne précise pas si des contacts directs ont eu lieu avec le groupe public algérien Sonatrach ou les autorités politiques algériennes, ni les raisons de cette manière de procéder qui demeure donc à ce stade inexpliquée. Il est surprenant que le gouvernement discute avec des compagnies étrangères sur la vente du gaz algérien, sachant que ce dernier, pour sa commercialisation, passe obligatoirement par les installations de Sonatrach.
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Toujours est-il que Eni, Occidental et Total « se sont rencontrés pour coordonner le gaz algérien et déterminer si une augmentation de la production est possible », ajoute Reuters, citant une autre source du secteur.
Ni le Département d’Etat américain ni les sociétés contactées n’ont souhaité faire de commentaire sur ces informations, selon la même agence.
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Les États-Unis avaient discuté d’une série d’éventualités avec des entreprises de différentes régions, pour voir si elles avaient la capacité d’augmenter les exportations de gaz ou de retarder la maintenance des champs, ont indiqué les sources de l’agence britannique.
La production de l’Algérie pourrait bondir significativement
Mais, ajoutent-elles, avec l’approvisionnement mondial en gaz tendu et les producteurs de GNL produisant le maximum, il y a peu de disponibilité pour compenser les gros volumes en provenance de Russie (plus d’un tiers de la consommation européenne).
L’Algérie, au contraire, dispose d’importants atouts et peut constituer une solution. Elle possède des pipelines vers l’Espagne et l’Italie et un grand terminal de GNL à Skikda, et elle a augmenté la production de pétrole et de gaz l’an dernier de 5% à 185,2 millions de tonnes équivalent pétrole, rappelle Reuters. La production de GNL a augmenté pour sa part de 14 %.
Les exportations de gaz de l’Algérie vers l’Italie ont bondi l’année dernière de 76 % à 21 milliards de mètres cubes, constituant 28 % de la consommation globale de ce pays, donc non loin des 29 milliards de m3 de la Russie, premier fournisseur de l’Italie. L’Espagne tire pour sa part 29 % de son gaz de l’Algérie.
La hausse de la consommation intérieure et la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) ont plafonné les exportations, mais « l’industrie se remet de la chute des prix du pétrole en 2014 qui a nui aux investissements », ajoute la même source.
« L’Algérie possède d’importantes ressources en gaz et il est probable qu’elles pourraient être produites dans les années à venir », a déclaré à Reuters une source d’une société énergétique opérant dans le pays.