L’extrême-droite est aux portes du pouvoir en Italie après la victoire aux élections législatives de dimanche 25 septembre, d’une coalition de partis conservateurs, menée par une femme à qui il est arrivé de ne pas cacher son admiration pour Mussolini.
Les observateurs ont maintes fois mis en garde, à chaque percée du courant populiste en Europe, que l’échéance n’est que repoussée et que la prise du pouvoir par l’extrême-droite dans de grands pays du vieux-continent finira par arriver.
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Dix jours après la Suède, c’est l’Italie qui tombe dans l’escarcelle de l’extrême-droite. Et la nouvelle n’est pas accueillie comme un séisme, mais comme un événement presque ordinaire.
Dimanche, le parti Fratelli d’Italia (FDI), de Giorgia Meloni, est arrivé en tête des législatives avec près de 25 % des voix, devenant la première force politique du pays.
La coalition formée avec deux autres partis, la Ligue du Nord du populiste Matteo Salvini et Forza Italia (conservateur) de Silvio Berlusconi, a raflé 47 % des suffrages, ce qui lui assure, de par le système des circonscriptions, la majorité absolue dans les deux chambres du Parlement italien.
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Il reste juste à savoir laquelle de ces trois personnalités sera désignée pour diriger le gouvernement. Mais il y a de très fortes chances que ce soit Giorgia Meloni. Celle-ci a d’ailleurs revendiqué le poste dès l’annonce de la victoire de son parti. Ce serait la première fois depuis près de 80 ans et la chute de Mussolini, que l’extrême-droite prendrait le pouvoir à Rome.
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Fratelli d’Italia est considéré comme un parti « post-fasciste » et sa présidente avait fait part dans sa jeunesse de son admiration pour le dictateur qui a dirigé l’Italie pendant plus de 20 ans (1922-1943).
Même si, comme c’est la tendance chez une grande partie de l’extrême-droite européenne, Meloni a entrepris sa dédiabolisation pour rendre plus acceptables ses idées, il n’en reste pas moins qu’elle assume ouvertement un discours anti-musulmans et anti-migrants et prône la défense de « la famille traditionnelle » et des valeurs chrétienne.
Son crédo, c’est la « menace civilisationnelle ». Tout cela rappelle un certain Éric Zemmour et sa croisade contre le « grand remplacement » en France.
La vague de la montée du courant populiste touche toute l’Europe. En France, Eric Zemmour n’a échoué aux dernières élections que pour faire plus de place à un autre parti d’extrême-droite, le Rassemblement national, monté en flèche.
Banalisation
La victoire de Giorgia Meloni en Italie est d’autant plus inquiétante que son ascension est fulgurante. Il y a quatre ans, elle s’est contentée de seulement 4 % des voix aux législatives.
La menace est sérieuse mais la nouvelle qui vient d’Italie n’ébranle pas toute l’Europe. Elle est même applaudie dans les pays dirigés par des partis du même courant. Les réactions enregistrées dénotent d’une certaine banalisation de ce courant en Europe.
En France, le président Emmanuel Macron a affirmé qu’il respectait le « choix démocratique » des Italiens et la Première ministre Elisabeth Borne a mis en garde que son pays sera attentif au « respect des droits de l’Homme ».
Jeudi, soit avant même la tenue du scrutin dimanche 25 septembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait rappelé que l’Union européenne disposait d’instruments pour sanctionner les atteintes aux droits de l’Homme dans les pays membres.
En France, le président par intérim du Rassemblement national (ex-Front national, extrême-droite), Jordan Bardella, a estimé que les Italiens ont donné « une leçon d’humilité » à Mme von der Leyen. Eric Zemmour et Marine Le Pen ont naturellement salué la victoire de Giorgia Meloni.
Une victoire également applaudie par les Premiers ministres de la Pologne et surtout de la Hongrie, dirigée par un parti ultraconservateur. À Moscou aussi, la nouvelle est très bien accueillie. « Nous sommes prêts à saluer toute force politique capable de dépasser le courant dominant établi plein de haine envers notre pays », a déclaré le porte-parole du Kremlin.
L’Allemagne a souhaité que l’Italie demeure « favorable à l’Europe » et la Commission européenne a émis le vœu d’une « coopération constructive avec les nouvelles autorités italiennes ». Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit impatient de travailler avec le gouvernement italien sur les « objectifs communs ».
La réaction la plus sceptique est venue de Madrid où le ministre socialiste des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a évoqué « un moment d’incertitude » et estimé que « les populismes gagnent toujours en importance et ils finissent toujours de la même manière : en catastrophe ».