Ahmed Gaid Salah vient de faire le premier pas sur le chemin de son entrée par la grande porte dans l’histoire de l’Algérie démocratique, que réclament les Algériens depuis le 22 février.
Ce mardi 2 avril, le chef d’état-major de l’ANP a demandé l’application « immédiate » de l’article 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du chef de l’État. « Nous estimons qu’il n’y plus lieu de perdre davantage de temps et qu’il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l’État dans le cadre de la légitimité constitutionnelle », a déclaré Gaid Salah au cours d’une réunion de l’état-major de l’ANP.
Moins de deux heures après cette déclaration, le président Bouteflika a cédé. Il a annoncé sa démission dans une lettre adressée au Conseil constitutionnel.
En exigeant, puis en obtenant le départ de Bouteflika, Gaid Salah a répondu favorablement à l’une des demandes des millions d’Algériens qui manifestent depuis le 22 février, pour réclamer du changement.
La chute de Bouteflika, après un 4e mandat chaotique marqué par son absence et les frasques de son frère Said, est une première grande victoire pour les Algériens. Mais le chemin du changement est encore long.
La bataille n’est pas encore gagnée. Les forces rétrogrades peuvent ressurgir et confisquer la révolte populaire. Le changement et la transparence dans la conduite des affaires du pays n’arrangent pas des clans du pouvoir, soucieux de sauvegarder leurs intérêts particuliers, au détriment de l’intérêt général.
Pour obtenir un changement radical du système, le mouvement populaire doit se poursuivre, avec la même méthode et la même détermination. L’armée doit également aider à la mise en place d’une véritable transition.
Les demandes des Algériens ne se limitent pas au départ de Bouteflika. Ils veulent surtout un nouveau système démocratique et la fin d’un mode de gouvernance basé sur la cooptation et la prédation des richesses nationales.
Ce mardi, Ahmed Gaid Salah a pris publiquement l’engagement de soutenir le peuple « jusqu’à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites ». « Étant le fils du peuple et partant de la responsabilité historique qui m’incombe, je ne pourrai que m’aligner sur ce peuple dont la patience n’a que trop durer et qui a tant souffert des différentes épreuves. Car il est temps pour qu’il recouvre ses droits constitutionnels légitimes et sa pleine souveraineté », a-t-il expliqué.
Il reste désormais pour le patron de l’armée de passer de la parole aux actes. La recette du bonheur est connue et elle est appliquée dans tous les pays développés : c’est la démocratie. L’armée doit tenir sa parole si elle veut maintenir ses liens forts avec le peuple.