Madrid et Riyad devraient signer un contrat d’armement évalué à trois milliards d’euros. Navantia va fournir à l’Arabie Saoudite cinq corvettes Avante 2200 armées par des missiles de MBDA.
Deux visions différentes ? Alors que la France n’a pas souhaité signer de contrats d’armement lors de la visite de trois jours du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz (MBS) à Paris, l’Espagne compte en signer un très important au moment de la venue de MBS à Madrid. Imperméable à la pression des ONG mise sur les pays occidentaux en raison de la guerre menée par Ryad au Yémen, l’Espagne vise la signature d’un contrat évalué à trois milliards d’euros contrairement à la France.
Cette commande porte sur la vente de cinq corvettes Avante 2200 de Navantia estimée à 2 milliards d’euros ainsi que sur la fourniture de leurs armements, la formation de 600 marins saoudiens et la modernisation de la base navale de Djeddah (1 milliard). Le missilier MBDA devrait armer les corvettes saoudiennes avec du missile sol-air VL-Mica et du missile anti-navire Exocet MM40 Block 3. Un nouveau cadeau fait à l’ancien roi d’Espagne, membre du fameux club de Marbella où se retrouvent responsables saoudiens et hommes d’affaires espagnols.
La France signera des contrats en fin d’année
Les industriels de l’armement devront patienter jusqu’à la fin de l’année. Emmanuel Macron se rendra fin 2018 en Arabie saoudite pour signer des contrats avec Ryad qui auront été définis dans le cadre d’un “document stratégique”, a annoncé lundi l’Elysée au deuxième jour de la visite du prince héritier saoudien en France. L’Élysée a précisé qu’Emmanuel Macron ne considérait “pas l’Arabie saoudite comme un client mais comme un allié”. Pour autant, Washington n’a pas eu ces états d’âme en signant de nombreux contrats lors de la visite de trois semaines de MBS aux États-Unis. L’Espagne n’en aura pas non plus si le contrat devait être signé.
Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a défendu lundi soir la vente d’armes françaises à l’Arabie Saoudite, qui sont un “intérêt clair pour l’industrie française”, malgré des critiques d’ONG sur leur possible usage dans la guerre au Yémen. “Ça ne veut pas dire qu’on ferme les yeux mais (…) pour restaurer l’influence de la France dans certaines zones du monde, eh bien c’est un élément important de notre diplomatie. Notre industrie a aussi besoin de trouver des débouchés sur ces marchés”, a souligné le ministre proche d’Emmanuel Macron lors de l’“Epreuve de vérité”, sur Public Sénat-Radio Classique-AFP.
“Tout dépend à qui vous vendez des armes, la façon dont elles peuvent être utilisées par la suite. En l’occurrence là, il y a un intérêt clair pour l’industrie française à pouvoir procéder à ces échanges de nature commerciale avec l’Arabie Saoudite”, a-t-il affirmé. “C’est là un partenaire commercial important pour la France, il y a une industrie en France importante avec des milliers d’emplois à la clé sur cette industrie particulière qu’est l’industrie de l’armement”, a-t-il insisté.