Les sénateurs américains ont asséné jeudi un double revers à Donald Trump en demandant l’interdiction de tout soutien militaire américain à l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen, et en accusant le prince héritier saoudien d’être “responsable” du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Approuvées grâce aux votes de sénateurs démocrates et républicains, ces deux résolutions distinctes devraient en rester là.
Ces mesures ne devraient en effet pas être débattues à la Chambre des représentants, au moins jusqu’au changement de majorité en janvier, et elles ne semblent pas prêtes de recevoir la signature de Donald Trump, qui entretient de bonnes relations avec l’allié stratégique saoudien.
Mais elles ont une forte portée symbolique et témoignent de l’immense colère des sénateurs face à Ryad, provoquée par ce conflit sanglant et par le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Avant le vote, le sénateur indépendant Bernie Sanders, l’un des promoteurs de la résolution sur le Yémen, avait évoqué “un moment historique” et appelé à “dire au monde que les Etats-Unis d’Amérique ne continueront pas à participer au pire désastre humanitaire de la planète”.
“Aujourd’hui, nous disons au gouvernement despote d’Arabie saoudite que nous ne participerons pas à leur aventure militariste”, a-t-il asséné.
Cette résolution appelle le président américain à “retirer les forces armées américaines des hostilités au Yémen ou affectant le Yémen, sauf les forces américaines engagées dans des opérations visant Al-Qaïda ou des forces associées”, sous trente jours après l’adoption de cette résolution conjointe.
Les Etats-Unis ont suspendu récemment leurs opérations de ravitaillement à la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen.
Le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell avait appelé à voter contre cette résolution, qui s’attaque plus largement aux prérogatives présidentielles pour engager les Etats-Unis dans des conflits à l’étranger.
Mais dans un geste remarqué, signe de la colère dans les rangs républicains, M. McConnell a soutenu au contraire la résolution condamnant le prince héritier dans le meurtre de Khashoggi, en contradiction avec les déclarations publiques de M. Trump qui a mis en doute la responsabilité de Mohammed ben Salmane.
L’ONU a annoncé jeudi une trêve dans des régions menacées par la famine au Yémen, où quatre ans de guerre ont fait environ 10.000 morts et menacent jusqu’à 20 millions de personnes de famine, selon l’Organisation internationale.