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Armée-opposition-manifestants : pourquoi les choses ne bougent pas

Armée-opposition-manifestants : pourquoi les choses ne bougent pas

La crise n’a que trop duré, le constat est unanime. La volonté de sortir de l’impasse est partagée par tous les protagonistes et même l’armée ne se fait plus prisonnière du cadre constitutionnel qui a constitué plus un facteur de blocage qu’un mécanisme facilitateur.

Dans son dernier discours, le chef d’état-major s’est dit disposé à « approuver toute proposition constructive et initiative utile allant dans le sens du dénouement de la crise et menant le pays vers la paix ».

Manifestants et armée ont fait part de leur « convergence de vue pour l’avenir », mais ont buté sur la question du maintien ou non des trois, puis des deux B à la tête des institutions de la transition. Même si Ahmed Gaïd Salah a pris l’habitude de souffler le chaud et le froid, ses derniers propos signifient clairement qu’il est disposé à entrevoir une transition sans les hommes hérités de Bouteflika.

Mais comment, près d’une semaine après avoir été exprimée publiquement, une telle disponibilité de la partie qui constitue le plus important sinon l’unique centre de décision depuis le début du soulèvement populaire, ne soit pas parvenue à faire bouger les choses dans le bon sens ?

Voici l’interprétation que fait le politologue Slimane Aradj pour TSA du discours du chef de l’armée : «La question du départ de Bensalah ou du gouvernement dont le refus par le peuple a été exprimé par neuf vendredis de manifestations est légitime et on ne peut pas aller contre la volonté du peuple. Mais en même temps, ces questions ont besoin de solutions, ce sur quoi le commandement de l’armée a insisté en parlant d’initiatives ».

« Approuver des propositions », cela sous-entend au moins que des suggestions soient faites publiquement, donc assumées, puis discutées et acceptées. Mais qui doit proposer et, surtout, qui va disposer ? La rue est réticente à l’idée de se désigner des porte-paroles, y voyant un facteur de division, et les personnalités qui jouissent d’une certaine aura auprès des manifestants ne souhaitent pas engager leur crédit en prenant des initiatives.

L’opposition classique est elle aussi dans la même logique de calculs autour de sa crédibilité. Tout le monde semble se plaire dans le confort de mettre en avant la très vague revendication du départ du chef de l’Etat et du Premier ministre et la mise en place d’une instance de transition, sans se risquer à dire comment ni sur quelle base juridique cela doit se faire.

On semble attendre que le commandement de l’armée fasse le boulot, quitte à ce qu’il déborde un peu plus ses prérogatives constitutionnelles et avoir à assumer, seul, les conséquences de ce qui s’apparenterait, disons-le clairement, à un coup d’Etat. Cela dit, le souci de l’armée de ne pas assumer une prise en main directe des choses ne devrait pas l’empêcher, devant l’évidente impossibilité de la tenue de l’élection du 4 juillet, d’émettre, sans l’imposer, une proposition sérieuse de sortie de crise. Un peu à la manière dont elle a suggéré l’application de l’article 102 de la Constitution.

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