La France a réagi officiellement pour la première fois à l’interpellation en Algérie de Boualem Sansal.
L’écrivain franco-algérien a été interpellé le 16 novembre à l’aéroport d’Alger alors qu’il rentrait d’un voyage en France. Son cas, fortement médiatisé, n’a pas été évoqué jusque-là par les autorités officielles algériennes et françaises.
Vendredi dernier, lorsque la nouvelle de l’interpellation de Sansal est connue, l’agence AFP a rapporté, citant l’entourage d’Emmanuel Macron que celui-ci est "très préoccupé par la disparition » de Sansal et que « les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation« , ajoutant que « le président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel« .
Ce n’est que ce mardi 26 novembre que le gouvernement français s’est exprimé officiellement, par la voix du ministre de l’Intérieur. Invité de la radio France Info, Bruno Retailleau a évoqué la situation de l’écrivain, avec beaucoup de prudence.
Le ministre était interrogé sur les laissez-passer consulaires mais il a vite évacué. "Aujourd’hui, il y a un sujet qui mérite que le reste soit laissé de côté, c’est Boualem Sansal", a-t-il dit.
Bruneau Retailleau : "La France doit la protection à Boualem Sansal"
"Le président de la République s’en préoccupe. C’est un immense écrivain, c’est aussi un Français. La nationalité française lui a été accordée et la France doit sa protection bien sûr à Boualem Sansal. Je fais confiance au président de la République pour déployer toute l’énergie qu’on peut lui connaître pour obtenir sa libération", a déclaré le ministre français de l’Intérieur, qui a refusé d’en dire plus.
Parce que, a-t-il expliqué, "l’efficacité commande la discrétion". C’est donc ce qui explique le relatif silence du gouvernement ces derniers jours ?
Bruno Retailleau a répondu par l’affirmative. "Bien sûr, y compris le mien. Ce qui est important, ce n’est pas de donner de la voix, mais d’obtenir des résultats« , a-t-il dit, révélant au passage qu’il connaît personnellement l’écrivain qui lui est »cher" et qu’il a échangé avec lui quelques jours avant son arrestation.
En Algérie, la situation de l’écrivain n’est toujours pas évoquée officiellement. Son arrestation a été confirmée le 22 novembre par une dépêche de l’agence officielle APS.
Dimanche 24 novembre, il a été indiqué dans un reportage de la télévision publique que l’écrivain fait face à "de lourdes accusations".
En octobre dernier, Boualem Sansal a tenu des propos graves dans le média français d’extrême-droite "Frontières", indiquant notamment qu’une partie du territoire actuel de l’Algérie appartient historiquement au Maroc.
L’écrivain devrait être présenté à un juge d’instruction ce mardi ou demain mercredi, à l’issue de sa garde à vue.