L’arrestation, samedi 4 mai, de Said Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag, anciens patrons des renseignements, n’a pas encore été annoncée officiellement. Mais, dans l’éditorial de son édition de ce dimanche 5 mai, le journal gouvernemental El Moudjahid applaudit l’annonce, évoquant une « accélération » des choses.
« Les choses semblent connaître une accélération, avec l’arrestation hier de trois importantes personnalités de l’ancien régime, à savoir Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, ainsi que les généraux Athmane Tartag, dit Bachir, et Mohamed Mediène, alias Toufik, respectivement ex-coordinateur des services de sécurité, et ex-patron du DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Les trois hommes, que les manifestants désignaient sous le terme de « chefs de bande », comparaîtront incessamment devant le tribunal militaire de Blida, en 1e Région militaire », écrit El Moudjahid.
« Si l’on ne sait pas exactement ce qu’on leur reproche, on sait par contre que leur activité, notamment depuis le déclenchement du mouvement populaire qui a mis fin au règne du président Bouteflika, a été condamnée, dans ses multiples messages, par le chef d’état-major, parce qu’elle complotait à la fois contre le mouvement populaire et contre l’Armée nationale populaire », poursuit le quotidien.
Pour El Moudjahid, ces arrestations sont une réponse de Gaid Salah « à la demande de plus en plus pressante du mouvement populaire formulée dans chacune des marches pacifiques chaque vendredi au niveau national ». Le journal poursuit : « Il est clair que cette arrestation, que d’aucuns vont inscrire, encore une fois, dans le registre du règlement de comptes ou de la «guerre des clans», exprime l’engagement de l’institution militaire auprès du peuple, et vient donner un coup d’accélérateur et un solide point d’appui à l’opération «Mains propres» menée par la justice contre la dilapidation des fonds publics par une poignée d’hommes d’affaires liés intimement au régime agonisant, dont les figures emblématiques tombent une à une ».
« Elle intervient au moment où, sur le plan politique, on assiste à une adhésion de plus en plus forte à la feuille de route de sortie de crise, dans le respect de la voie légale et constitutionnelle », affirme El Moudjahid, qui ajoute : « Cette adhésion se confirme à la fois de la part du mouvement populaire, qui exige le départ de tous les personnages politiques, syndicaux ou hommes d’affaires de l’ancien régime, et un véritable changement vers la démocratie, ainsi que des formations politiques… ».
« Une concertation, la plus large, avec tous les acteurs, est la démarche la plus pratique, la plus pragmatique, la plus réaliste afin de contribuer à la mise en place d’une feuille de route consensuelle claire et lisible qui mène à une élection présidentielle, dans les plus brefs délais, avec des garanties de transparence, et donc de complète rupture avec les pratiques opaques du passé », poursuit le quotidien.
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