De l’école des Beaux-Arts d’Alger aux galeries de New-York, Londres et Paris, en passant par les oasis de Touggourt et de Gouraya. L’idée de Hassiba Boufedji est géniale et c’est déjà un succès.
Elle consiste à valoriser le patrimoine artisanal algérien en y ajoutant une touche d’écologie et de modernité.
Son parcours a commencé à l’école des Beaux-Arts d’Alger d’où elle est sortie diplômée en 2002. En 20120, elle crée une marque, D’wira Chic, qui englobe les arts, le design, la création, l’artisanat et l’éco-conception.
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Un premier atelier-magasin à Alger puis un réseau d’artisans à travers tout le territoire national. Dans le magasin, on y trouve de tout : produits de céramique, de maroquinerie, de cuivre, de vannerie, de poterie, de dinanderie et de broderie, du mobilier, des luminaires, des tapis…
« À travers D’wira Chic, qui dispose d’un atelier de conception de mobilier design, l’idée est de moderniser, de valoriser et de sauvegarder notre patrimoine culturel dans un esprit de développement durable et social », explique Hassiba Boufedji au site Arab News.
Le magasin est dédié à l’artisanat et au savoir-faire algérien contemporain et moderne. « Nous créons et fabriquons du mobilier – fauteuils, canapés, chaises, tables, tabourets, poufs –, des luminaires – suspensions, lampes de chevet, appliques –, de la décoration murale, des accessoires ainsi que des pièces d’art qui sont uniques : objets de décoration, luminaires, sculptures, peintures et installations », précise-t-elle.
Le succès est fulgurant. D’autres boutiques sont ouvertes à Alger, Oran et Annaba. La marque est même disponible à Valence (Espagne). Ses créations sont aussi vendues à New-York, Londres et Paris.
La démarche est écologique, sociale et économique, à travers la redynamisation de filières ancestrales, l’utilisation de matériaux locaux qui préservent la nature, la transmission du savoir-faire aux jeunes, aux femmes et aux personnes dans le besoin et la vente de produits algériens sur les marchés internationaux. Le défi semble difficile mais le pari est jusque-là réussi.
Une aubaine pour les petits artisans et les filières locales
« Je m’installais chez des artisans confirmés qui disposent d’un grand savoir-faire et on a développé des produits ensemble (…) Le but est de développer les filières artisanales et de créer une dynamique qui permettra aux artisans locaux de gagner leur vie, de créer un marché et d’assurer la transmission du savoir-faire aux plus jeunes », raconte la jeune artiste-entrepreneuse.
À Touggourt par exemple, c’est le palmier-dattier qui offre une opportunité aux artisans. « Tout est bon dans le palmier. On mange ses fruits, les dattes, on boit le legmi [le jus extrait du cœur du palmier], on se sert de son bois dans la création d’objets, ses feuilles sont utilisées en vannerie et son écorce permet de fabriquer des cordes », fait savoir Hassiba Boufedji.
Près les ateliers pour la conception et la fabrication, les boutiques pour la commercialisation, la création d’un label devient nécessaire. Ce que l’artiste fera avec une spécialiste en management culturel, Chanez Kechroud.
Les deux femmes créent en 2021 le programme-label E-graines, « une marque d’éco-conception 100 % algérienne », destiné dans un premier temps « au renforcement des capacités dans la production de la vannerie à partir du doum, le palmier nain, au bénéfice de dix artisanes du village Beni Farah, dans la région de Gouraya ».
Plus globalement, le programme concerne les femmes et les hommes « qui disposent d’un savoir-faire et qui vivent dans une situation de précarité ».
« Nous les sélectionnons pour qu’ils participent à nos ateliers, ce qui leur permet de développer des produits, d’améliorer leurs capacités et de gérer leurs projets de création de micro-entreprises », indique son initiatrice.
« Le projet E-graines a pour objectif de mettre en place un mécanisme de création et un modèle commercial adaptés à l’environnement socioculturel et économique de toutes les régions du pays en se basant sur trois piliers essentiels: la sauvegarde du patrimoine culturel, l’inclusion sociale et l’écologie », résume-t-elle.