L’hiver s’annonce rigoureux cette année en Algérie et c’est une bonne nouvelle pour tout le pays qui voit s’éloigner le spectre de la sécheresse et s’atténuer le stress hydrique. Mais la saison froide apporte aussi son lot de dangers dans un pays pas tout à fait rompu aux grandes intempéries.
L’Algérie a vécu un automne anxieux, les premières pluies n’étant arrivées que dans la deuxième moitié de novembre. Mais depuis, le ciel se montre généreux avec des épisodes pluvieux récurrents qui touchent tout le nord du pays, avec même de la neige sur les hauteurs.
Cela est synonyme d’une saison agricole meilleure que la précédente, de nappes phréatiques rechargées et de barrages remplis en prévision de l’été. Le revers de la médaille de ces fortes intempéries ce sont les dangers qui les accompagnent chaque année comme une fatalité.
Le plus récurrent des désagréments c’est le phénomène des inondations qui n’attendent pas des pluies diluviennes pour survenir.
Chaque année, les flots des oueds qui se réveillent brutalement emportent des vies humaines. Tous les efforts consentis ne semblent pas suffire pour anéantir le risque, tant l’Algérie a un énorme retard en la matière.
Le concept de la « ville éponge » n’existe pas en Algérie où l’anarchie urbaine règne partout dans les villes et les villages, les réseaux d’évacuation ne sont pas toujours bien entretenus et la législation interdisant les constructions dans les zones inondables n’est pas toujours appliquée rigoureusement.
L’Algérie fait face aussi à un autre danger de plus en plus mortel, la mort par asphyxie au monoxyde de carbone. Avec la baisse des températures, l’utilisation des chauffage augmente, et de nombreuses habitations ne sont pas dotées de conduits d’aération et d’évacuation des gaz brûlés aux normes requises.
Les éléments de la Protection civile parviennent quotidiennement à sauver des vies aux quatre coins du pays, mais il arrive aussi qu’ils ne fassent que constater le drame.
En janvier 2023, 54 personnes ont trouvé la mort asphyxiées, selon la Protection civile. Le bilan est depuis passé à 156 morts jusqu’à la fin de l’année.
La grippe, l’autre danger de l’hiver en Algérie
Des cas de décès continuent à être enregistrés cet hiver. Pendant la semaine à cheval entre 2023 et 2024, 105 personnes ont été intoxiquées et 14, hélas, n’ont pu être sauvées.
Depuis le mois d’octobre dernier, le monoxyde de carbone a fait 48 victimes en Algérie, toujours selon les chiffres officiels de la Protection civile.
Il est d’autant plus difficile pour l’Etat d’agir contre le phénomène que le « tueur silencieux » frappe exclusivement à l’intérieur des domiciles, soit là où aucune autorité n’est légalement habilitée à constater les manquements à la législation.
Celle-ci prévoit pourtant une kyrielle de règles, de mesures et de précautions, que certains n’observent malheureusement pas, comme l’aération des appartements, l’évacuation des gaz brûlés ou l’installation de détecteurs de gaz.
Autre danger apporté par l’hiver, certes moindre mais qui mérite d’être souligné, celui du blocage des axes routiers par les chutes de neige.
Le phénomène est marginal en Algérie mais il arrive épisodiquement que des automobilistes soient pris au piège ou des localités entières bloquées à cause de l’accumulation de neige.
Ces derniers jours, la Gendarmerie nationale et la Protection civile communiquent beaucoup sur les retombées des chutes de neige sur le réseau routier, la première pour informer des axes bloqués, la seconde pour faire connaître ses interventions pour secourir les automobilistes pris au piège.
Les interventions de ce type ont eu lieu essentiellement en haute Kabylie et à l’Est du pays, à Mila, Sétif et Constantine où il a neigé dans les hautes altitudes.
Les chutes de neige ne sont pas significatives mais il est arrivé à l’Algérie de connaître de grandes tempêtes qui ont bloqué des régions entières du pays, comme en 2005 et 2012. Ces situations sont d’autant plus compliquées à gérer qu’elles surviennent souvent en haute montagne, donc dans des zones reculées et déshéritées.
Toutefois, malgré tous ces dangers qui persistent, il faut dire que les Algériens passent l’hiver au chaud quelle que soit sa rigueur. Les investissements consentis ont porté le taux de couverture en gaz naturel à 62%, l’un des plus élevés au monde.
Autre aléa pris en charge grâce aux investissements publics, celui des épidémies saisonnières liées au froid. Le vaccin contre la grippe saisonnière est disponible dans toutes les structures de santé du pays et des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées par les autorités à l’adresse des personnes vulnérables.
Un appel dans ce sens vient d’être lancé par le ministère de la Santé, précisant aux malades chroniques, femmes enceintes et personnes âgées que le vaccin est disponible et gratuit.
Le ministère de la Santé recommande aussi d’observer les règles de prévention identiques à celles contre le Covid-19 à savoir le lavage régulier des mains, le port du masque et le respect de la distanciation physique.