Porté disparu depuis une dizaine de jours, l’avocat Djamel Eddine Chaoui est retrouvé mort lundi 30 janvier dans la région de Toumiat dans la wilaya de Skikda. La nouvelle a ému la corporation des robes noires et toute l’Algérie.
Le jeune avocat est mort d’une balle dans la tête. Un procédé digne d’une organisation criminelle. Une foule nombreuse a assisté à l’enterrement de Djamel Eddine Chaoui, mardi.
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Au cimetière, le bâtonnier de Constantine a éclaté en sanglots devant les caméras de télévision. « Nous sommes en deuil, c’est un jour noir pour les avocats. C’est un crime abject. Il est victime de trahison, de la haine, d’une opération barbare », a-t-il déclaré.
Ce mercredi, les avocats ont observé des rassemblements de recueillement devant les Cours de nombreuses wilayas. Pour eux, c’est un « jour noir ».
Il n’y a pas que la corporation des avocats qui pleure l’un de ses membres. Toute l’Algérie est choquée par le sort terrible du jeune avocat de 33 ans.
Tout a commencé samedi 21 janvier, lorsque sa disparition a été signalée par sa famille, à la brigade de Gendarmerie de Sebt, dans la wilaya de Skikda. Il aurait indiqué à sa mère qu’il se rendait au hammam, mais il n’est jamais rentré. Son téléphone est éteint, c’est la panique.
Une opération de recherche est aussitôt lancée. Pendant plusieurs jours, toute la région est passée au peigne fin avec la participation des citoyens, mais aucune trace de l’avocat. Pendant ce temps, la nouvelle de sa disparition s’est répandue aux quatre coins de l’Algérie.
Au fil des jours, l’hypothèse de la mort de l’avocat se renforce. On retrouve d’abord son véhicule, puis ses effets personnels non loin du lieu de sa disparition.
Lundi 30 janvier au soir, l’espoir de le retrouver vivant s’est estompé après l’identification d’un corps sans vie découvert quelques heures plus tôt du côté à Toumiat, non loin d’Essebt.
C’est un passant, intrigué par un monticule de terre fraîchement retourné près de l’autoroute est-ouest, qui a alerté les gendarmes. Les services concernés, le procureur en tête, se rendent immédiatement sur place.
Le monticule est dégagé et un corps est découvert. L’identification ne prendra pas longtemps. Il s’agit bel et bien du corps de Djamel Eddine Chaoui, avocat, militant associatif et ancien président de l’Assemblée populaire communale de Sebt.
L’avocat Djamel Eddine Chaoui s’est plaint de « menaces »
Il a été tué d’une balle dans la tête, selon un communiqué du parquet général près la cour de Skikda diffusé mardi. Son corps ne porte aucune autre trace de violence, selon la même source.
Parallèlement à son métier d’avocat, Djamel Eddine activait aussi dans l’humanitaire au niveau local, dans une association d’aide aux démunis. Il s’est aussi engagé dans la politique.
Apprécié de ses concitoyens, il a été élu maire de la localité de Sebt lors des dernières élections municipales, en novembre 2021. Un poste qu’il quittera au bout de quelques mois seulement.
Une mésentente entre les membres de l’assemblée municipale a induit son blocage, puis son gel par la wilaya de Skikda en mars 2022. La gestion des affaires de la commune est confiée au secrétaire général, en attendant une solution. Djamel Eddine Chaoui a depuis revêtu sa robe noire et repris son métier d’avocat.
A Sebt, Skikda et dans toute l’Algérie, la même question taraude les esprits : qui peut bien en vouloir à Djamel Eddine Chaoui au point de l’enlever, lui tirer une balle dans la tête et l’enterrer en bord de route, comme le ferait une organisation mafieuse ?
Ses ennuis remonteraient à bien avant son élection à l’APC, comme le montrent les nombreux messages qu’il a postés sur les réseaux sociaux et qui sont largement partagés depuis l’annonce de son enlèvement.
En avril 2021 par exemple, Djamel Eddine Chaoui a fait état de « menaces », assurant que leur auteur était « identifié ». De quoi faciliter l’enquête de la justice ?