Le procureur général d’Alger a livré ce jeudi 26 août devant la presse les premières conclusions de l’enquête préliminaire sur l’assassinat du jeune Dajmel Bensmaïl, et annoncé le lancement d’un mandat d’arrêt contre le chef du MAK Ferhat Mehenni
Le jeune de 35 ans, originaire de Miliana, était venu aider les habitants de la région qui faisaient face à de gigantesques incendies. Pris pour un pyromane, il a été lynché à mort par la foule et son cadavre brûlé et profané sur la place publique, mercredi 11 août à Larbaâ Nath Irathen (w. Tizi-Ouzou). L’affaire qui a ému toute l’Algérie a été confiée à la division de lutte contre le terrorisme et le crime organisé du tribunal de Sidi M’hamed (Alger).
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Selon le procureur, les investigations ont permis de conclure qu’il s’agit d’un crime prémédité et planifié méthodiquement par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé en mai dernier « organisation terroriste ». Le magistrat a aussi fait état de « l’encadrement » des suspects même pendant l’assassinat du jeune Bensmaïl.
Au total, 88 suspects ont été arrêtés, dont 24 éléments dudit mouvement, et 29 autres ont été identifiés mais demeurent en fuite, dont certains à l’étranger.
« Ils ne connaîtront pas la quiétude«
Des mandats d’arrêt internationaux seront lancés contre eux via Interpol, dont le président du MAK, Ferhat Mehenni, a indiqué le procureur qui a lancé un appel aux États concernés pour le livrer et « assurer la non-impunité de ces individus » qui, selon lui, « ne connaitront pas la quiétude tant qu’ils demeurent poursuivis par la justice ».
Ferhat Mehenni vit en France où il a bénéficié de l’asile politique. L’enquête a aussi révélé l’implication de « l’élément étranger », a indiqué le magistrat sans autres précisions.
Sur les 88 personnes présentées devant le juge d’instruction, 83 ont été placées sous mandat de dépôt, et quatre autres ont été placées sous contrôle judiciaire, selon la même source.
Concernant l’attitude de la police, le procureur a de nouveau défendu ce corps de sécurité. « Nous n’avons pas d’éléments sur l’implication de la police. Les policiers ont tenté de protéger la victime mais les assaillants ont utilisé la force. Au contraire, la police est victime, d’ailleurs les mis en cause sont aussi poursuivis pour agression d’agents de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il expliqué.
Le 18 août, le Haut conseil de sécurité a accusé le MAK et le mouvement islamiste Rachad d’être derrière les derniers incendies qui ont ravagé les forêts d’Algérie, notamment en Kabylie, ainsi que le lynchage à mort du jeune Djamel Bensmail.