L’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a réagi à la diffusion, il y a quelques, jours par la chaîne qatarie Al Jazzera d’un documentaire sur l’assassinat de Krim Belkacem, qui fut l’un des plus grands dirigeants de la révolution algérienne.
« Al Jazeera est allée enquêter même en Israël, rien que pour tenter de démontrer que Krim Belkacem avait des contacts avec ce pays. En Allemagne, ils ont pris des images de la façade de l’hôtel Continental à Frankfurt. En Algérie, ils ont fait parler des citoyens, algériens certes, mais qui ne sont pas dépositaires de la vérité et de l’histoire. Ils devaient prendre attache avec l’ONM, ils ne l’ont pas fait », dénonce Mohand Ouamar Benlhadj, secrétaire général de l’organisation, dans une vidéo publiée sur le site de l’ONM.
Intitulé une « fin ambigüe », le documentaire controversé de la chaîne qatarie sur l’un des plus importants dirigeants de la révolution algérienne a suscité de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Parmi les personnes interviewées figure Mahieddine Amimour, présenté comme l’ex-conseiller à la communication du défunt président Houari Boumediene.
« Des Israéliens ont tenté de contacter Krim Belkacem pour les aider à renverser le régime de Boumediene, mais Krim Belkacem avait refusé, parce que c’est un moudjahid. Il a refusé tout contact avec les Israéliens », a-t-il dit.
« Il avait perdu beaucoup de son influence. Il était devenu gênant pour les autorités algériennes en raison de ses relations avec les services de sécurité français et israéliens », a déclaré Mohamed Abbas, présenté comme un historien spécialisé dans la révolution algérienne. « Cette question d’assassinat, peut-être que des parties étrangères étaient impliquées pour provoquer une guerre civile en Algérie », a estimé Noureddine Khababa, écrivain et politologue algérien.
« Nous connaissons cette chaîne depuis sa création (…) Nous ne sommes pas étonnés par ce qu’elle dit à propos de nos affaires intérieures. Ils se sont immiscés déjà lors du hirak pour que le drapeau amazigh soit interdit », ajoute-t-il, estimant regrettable que ce soit « eux qui enquêtent sur un zaïm algérien ».
« La mort de Krim Belkacem est une grosse perte pour le pays. C’était un homme extraordinaire (…) Krim Belkacem était un zaïm. Il avait signé les accords d’Evian. Alors que les Français étaient trois à signer, les membres de la délégation algérienne avait dit que la signature de Krim suffisait », rappelle Benlhadj.
A propos de l’assassinant de Krim Belkacem, Benlhadj n’accuse personne. « Peut-être qu’un jour les choses seront clarifiées concernant sa mort. Actuellement, il y a plusieurs thèses à ce sujet. On peut dire que les premiers responsables de sa mort sont les Algériens, c’est nous, même si la main qui l’a exécuté est étrangère. Car nous n’avons pas demandé des éléments de réponse aux Allemands sur les circonstances de sa mort. »
Krim Belkacem, dirigeant de la révolution algérienne, est mort en exil en Allemagne. Il a été découvert étranglé dans une chambre d’hôtel de Frankfurt le 18 octobre 1970.
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Sur un autre registre, le SG de l’ONM dénonce le fait que son organisation ne soit pas associée au lancement prévu le 1er novembre prochain d’une chaîne de télévision dédiée à l’Histoire.
« Une chaîne sur la mémoire va être lancée et on n’est même pas au courant. Nous n’avons aucun représentant, s’il y a un staff quelconque. On doit donc mendier et demander une place, comme au cinéma ? Non, ce n’est pas comme ça. Si on veut parler de l’Histoire, il faut s’adresser aux gens qui ont fait cette Histoire. Je parle de tous ceux qui ont vécu la guerre, hommes ou femmes », dit-il.