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Assassinat de Larbi Ben M’hidi : vers une reconnaissance officielle de la France ?

Assassinat de Larbi Ben M’hidi : vers une reconnaissance officielle de la France ?

Par luzitanija / Adobe Stock
Le drapeau de l'Algérie et de la France.

Après Maurice Audin et Ali Boumendjel, Larbi Ben M’hidi ? Le président français Emmanuel Macron pourrait reconnaître la responsabilité de l’État français dans la mort de l’un des héros de la guerre de Libération nationale, assassiné pendant la Bataille d’Alger en 1957 par les parachutistes français.

Le journal français Le Point, qui rapporte l’information ce jeudi 26 septembre, dit la tenir de Benjamin Stora, l’historien spécialiste de l’Algérie et chef de file, côté français, de la commission mixte d’historiens « vérité et mémoire ».

Le président Macron a rencontré jeudi 19 septembre les cinq membres français du panel. L’agence AFP a rapporté dimanche 22 septembre, citant l’Élysée, que le président français a réitéré au cours de la rencontre sa « détermination » à poursuivre le travail de « mémoire, de vérité et de réconciliation » sur le passé colonial de la France en Algérie. Benjamin Stora a révélé au site du magazine Le Point des bribes de ce qui s’est dit au cours de la réunion.

L’historien dit avoir interpellé le président Macron sur la possibilité de reconnaître la responsabilité de l’État français dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi.

« Nous verrons bien comment nous allons avancer », lui a répondu le président français. « Il n’a pas dit non, et mon sentiment est qu’il attend le moment pour le faire (…) J’ai senti que le président était très déterminé, quelle que soit la réponse des Algériens d’ailleurs. Il veut poursuivre le travail », témoigne Benjamin Stora.

Larbi Ben M’hidi, un crime d’État qui attend la reconnaissance de la France

Emmanuel Macron avait reconnu, en septembre 2018, que le militant indépendantiste algérien Maurice Audin, disparu en 1957, a été tué sous la torture de l’armée coloniale.

En mars 2021, il avait reconnu, sur proposition de Benjamin Stora dans son rapport remis deux mois plus tôt, que l’avocat Ali Boumendjel a été « torturé et assassiné » par l’armée française, également en 1957.

Après le geste de Macron envers Maurice Audin, Drifa Ben M’hidi l’avait interpellé sur le cas de son frère et lui a demandé de reconnaître ce « crime d’État ».

L’assassinat de Larbi Ben M’hidi a été maquillé en suicide, mais la vérité a fini par éclater. Arrêté à Alger en février 1957 par les parachutistes du 3ᵉ RPC du colonel Bigeard, il sera assassiné le 4 mars dans une ferme de la Mitidja.

C’est d’abord le colonel Bigeard qui a assuré dans les années 1980 à Drifa Ben M’hidi que son frère ne s’est pas suicidé. Le colonel avait aussi avoué à la même période au journal algérien Algérie Actualités qu’il a été « contraint, sur ordre de Paris, de le livrer vivant aux services spéciaux ».

Bigeard a rendu publiquement hommage au courage et à la bravoure de Ben M’hidi.

Mais l’aveu le plus limpide sera fait en 2000 par l’exécutant du meurtre, le général Paul Aussaresses, commandant à l’époque des faits.

Aussaresses a reconnu dans un livre intitulé « services spéciaux Algérie 1955-1957 » et dans des déclarations au journal Le Monde que Larbi Ben M’hidi a été pendu par ses hommes dans une ferme appartenant à un colon extrémiste de la Mitidja et que le crime a été maquillé en suicide. Paul Aussaresses est décédé en 2013 sans avoir été jugé pour ce crime.

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