Tension extrême dans les relations algéro-marocaines après l’annonce par la présidence algérienne ce mercredi 3 novembre de l’assassinat de trois ressortissants algériens qui faisaient la route Ouargla-Nouakchott.
L’information a circulé sur les réseaux et certains sites internet depuis la matinée du mardi 2 novembre, mais aucune source officielle ne l’a confirmée, ni infirmée.
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Ce mercredi 3 novembre, la présidence de la République n’a non seulement confirmé la mort des trois Algériens, mais elle a aussi accusé directement accusé l’armée marocaine de les avoir assassinés, promettant que leur « assassinat ne restera pas impuni ». Elle a aussi précisé que cet assassinat a été perpétré à l’aide d’une arme sophistiquée.
La même source ne précise par l’endroit exact de l’attaque, mais il semblerait qu’elle a eu lieu à la frontière entre les territoires sahraouis et la Mauritanie.
A ce niveau de responsabilité, on ne lance pas de telles accusations gravissimes sans preuves.
La présidence de la République assure dans son communiqué que « les autorités algériennes ont aussitôt pris les dispositions nécessaires pour enquêter sur cet acte ignoble en vue d’élucider les circonstances qui l’ont entouré » et assure que « plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara Occidental comme ayant commis avec un armement sophistiqué ce lâche assassinat ».
L’Algérie parle de « nouvelle manifestation d’agressivité brutale qui est caractéristique d’une politique connue d’expansion territoriale et de terreur ».
Cette affaire est une étape supplémentaire dans l’escalade entamée pendant l’été dernier, avec une série d’ « actes hostiles » et de « provocations » du Maroc à l’égard de l’Algérie et qui ont amené Alger à annoncer le 24 août la rupture des relations diplomatiques avec Rabat.
Les observateurs s’interrogent sur les motivations du Maroc à travers cet acte gravissime et surtout, jusqu’où ira l’escalade après cette énième provocation directe ?
En septembre dernier, certaines voix au Maroc avaient imputé à l’Algérie l’assassinat de deux chauffeurs de camion marocains au Mali. Les ressortissants marocains ont été assassinés par un groupe terroriste sur la route, à 300 kilomètres de Bamako, dans une région infestée de groupes armés.
Il n’était du coup pas sérieux d’accuser l’Algérie et c’est pourquoi des voix non officielles au Maroc se sont chargées de le faire à la place des autorités.
Cette attaque du 1er novembre 2021 est très différente, les forces d’occupation marocaine étant proches de la zone où elle a eu lieu.
Du reste, les autorités algériennes devraient détenir toutes les preuves irréfutables de l’implication du Maroc, sinon elles n’auraient pas proféré de telles accusations à l’égard d’un Etat étranger. Autrement dit, les Algériens ont la certitude qu’il ne s’agit pas d’une banale bavure.
Des coïncidences troublantes
Il est important de souligner que cette attaque s’est déroulée le jour-même où l’Algérie a fermé le robinet de gaz au Maroc.
La veille, le 31 octobre au soir, le président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé avoir ordonné la non-reconduction du contrat d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc et sur lequel ce dernier prélevait des quantités de gaz pour sa production d’électricité.
Abdelmadjid Tebboune a explicitement déclaré que la mesure était une réaction aux actes hostiles marocains à l’égard de l’Algérie.
Autre coïncidence troublante, l’attentat marocain a eu lieu un 1er novembre, une date hautement symbolique pour le peuple algérien. C’est aussi cette date qui avait été choisie pour profaner le drapeau algérien au consulat d’Algérie à Casablanca, en 2013.
L’auteur de cet acte, un étudiant marocain, avait écopé d’une peine risible devant la justice de son pays. Cet incident et la passivité de la justice marocaine ont été cités par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans la longue liste des griefs retenus contre le Maroc qu’il a rappelé dans la déclaration de rupture des relations, le 24 août dernier.
C’est la deuxième fois que le Maroc choisit la date du 1er novembre pour provoquer l’Algérie. Dans quel but et, surtout, quelle sera la réaction de l’Algérie cette fois et quelles mesures va-t-elle prendre pour faire en sorte que cet assassinat ne reste pas « impuni » ?