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Assia Djebar : l’écrivaine algérienne honorée en France

Assia Djebar : l’écrivaine algérienne honorée en France

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le maire d’Alençon, en Normandie, inscrit un grand nom algérien dans le patrimoine culturel de la ville.

La médiathèque du quartier de Perseigne porte désormais le nom d’Assia Djebar, écrivaine, cinéaste et première femme maghrébine à l’Académie française.

Nouvel hommage vibrant à Assia Djebar, pionnière de la lutte féminine

Si la médiathèque de Perseigne est longtemps restée sans identité, elle porte à présent un nom : celui de la défunte écrivaine algérienne Assia Djebar.

L’inauguration s’est faite ce samedi 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, Joaquim Pueyo, maire d’Alençon, a salué un « choix politique » fort, rapporte L’Orne Hebdo.

« Depuis plusieurs années, avec les élus d’Alençon, nous veillons à reconnaître le rôle fondamental des femmes dans notre société. Aujourd’hui, en inscrivant le nom d’Assia Djebar à cette médiathèque, nous affirmons notre volonté de transmettre son héritage, ici, au cœur du quartier de Perseigne », a-t-il déclaré.

Ainsi, l’inauguration dépasse largement la reconnaissance d’une grande intellectuelle, mais se veut un hommage à toutes celles qui ont lutté pour le droit à l’éducation.

Le maire insiste : « Nous honorons la mémoire d’Assia Djebar et de toutes celles qui ont combattu et qui combattent encore pour leur droit à l’éducation, à la parole, à la liberté ».

Assia Djebar, femme de lettres engagée

Le parcours d’Assia Djebar est indubitablement exceptionnel. Joaquim Pueyo décrit une « écrivaine d’exception, historienne, cinéaste, qui fut une figure emblématique du combat pour la liberté et les droits des femmes ».

De son vrai nom Fatima-Zohra Imalhayène, elle est née à Cherchell, en 1936, dans une famille où le savoir est une valeur fondamentale.

Très tôt, elle s’engage pour l’indépendance de son pays et donne une voix aux femmes, que l’Histoire a réduites au silence. « Elle restitue la parole confisquée à des générations entières », rappelle le maire d’Alençon.

Son œuvre littéraire, puis cinématographique, éclaire en effet la condition de la femme, particulièrement la femme algérienne, « trop longtemps invisibilisée ».

Lauréate de 8 prix littéraires et traduite en 23 langues, son œuvre traverse les continents. Assia Djebar s’est ainsi imposée comme une figure incontournable de la littérature algérienne d’expression française du 20e et 21e siècles.

Car oui, l’écrivaine algérienne n’est pas renommée que dans son pays et en France. Elle a également enseigné la littérature française à l’université de Rabat au Maroc, ainsi qu’aux États-Unis, « de la Louisiane à New York », de 1992 à 2012.

Un talent exceptionnel et un rayonnement international qui lui ont valu d’être élue à l’Académie française en 2005, faisant d’elle la première femme maghrébine et nord-africaine à réaliser cet exploit.

Par ailleurs, elle siégera à l’Académie française jusqu’en 2015, année de son décès.

Une intellectuelle guidée par l’histoire familiale

Lors de l’inauguration de la médiathèque Assia Djebar, fraîchement nommée, Sakamia Bouchama, la sœur cadette de l’autrice, était présente. L’occasion pour elle d’évoquer l’héritage intellectuel d’Assia Djebar.

« Elle aimait dire : le français est notre peau », confie-t-elle, soulignant par-là l’attachement de l’écrivaine à cette langue.

Il faut dire que cette vocation pour le savoir, Assia Djebar la doit à son grand-père, montagnard berbérophone illettré, et à son père, qui a été scolarisé grâce à un instituteur français.

Devenu instituteur à son tour, son père l’aide à révéler son potentiel dès son plus jeune âge : son bac en poche, Assia Djebar entre en hypokhâgne à Alger (première année de classe préparatoire littéraire), puis devient interne à Paris en visant le concours de Normale Sup’ (École normale supérieure).

« Contre l’avis de ses collègues, mon père a inscrit sa fille de 19 ans à la cité scolaire Buffon à Paris, et pas à Alger, et Assia est devenue interne à Paris. Elle a réussi le concours en terminant 9e sur 30, ce qui fut exceptionnel. Mais comme elle avait fait grève à Normale Sup’, elle n’a pas fini le cursus et donc n’était pas agrégée », relate la sœur de l’écrivaine.

Aujourd’hui, le parcours d’Assia Djebar est inspirant pour la jeune génération, son œuvre littéraire rayonne, et son héritage est incontournable.

Pour en apprendre plus sur cette légende algérienne de la littérature contemporaine, la médiathèque de Perseigne accueille l’exposition « De Cherchell à l’Académie française : Assia Djebar, intellectuelle et écrivaine algérienne » jusqu’au 19 avril.

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