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Attaque contre l’hôpital Al Shifa à Gaza : une enquête du Washington Post accable Israël

Les attaques israéliennes contre les hôpitaux de la bande de Gaza étaient préméditées et fondées sur la base d’accusations mensongères de leur utilisation militaire par le Hamas. Ce sont les conclusions d’une longue enquête menée par le Washington Post sur l’assaut contre l’hôpital Al Shifa.

La préméditation est apparente puisque, avant même le début de l’opération terrestre, l’armée israélienne s’est mise à communiquer sur des cibles potentielles situées sous des hôpitaux.

Le 17 octobre, l’hôpital Al Ahli avait déjà été bombardé, faisant 500 morts, selon le Hamas. Le 27 octobre, jour du début de l’incursion terrestre, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a présenté ce qu’il a appelé des « preuves concrètes » que cinq bâtiments hospitaliers étaient directement impliqués dans les activités du Hamas. Les tunnels qui abritent les combattants palestiniens étaient directement accessibles à partir des bâtiments hospitaliers, a-t-il prétendu.

Après avoir pris d’assaut le complexe hospitalier Al Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, le 15 novembre, l’armée israélienne a publié une série de photographies et de vidéos prouvant soi-disant ses accusations.

« Mais les preuves présentées par le gouvernement israélien sont loin de démontrer que le Hamas avait utilisé l’hôpital comme centre de commandement et de contrôle », conclut le journal américain après avoir visualisé les images open source disponibles, des images satellite et de tous les documents rendus publics par l’armée israélienne.

Les analyses effectuées par le Washington Post, dont l’enquête a été publiée le 21 décembre, font ressortir, en effet, que les pièces reliées au réseau de tunnels « ne montraient aucune preuve immédiate d’une utilisation militaire par le Hamas », qu’aucun des cinq bâtiments hospitaliers identifiés par le porte-parole de l’armée « ne semblait connecté au réseau de tunnels » et qu’il « n’existe aucune preuve que les tunnels soient accessibles depuis l’intérieur des salles d’hôpital ».

« Les pièces nues, carrelées de blanc, ne présentaient aucune trace immédiate d’utilisation – à des fins de commandement et de contrôle ou autre. Il n’y a aucun signe d’habitation récente, y compris des détritus, des contenants de nourriture, des vêtements ou d’autres objets personnels », a conclu l’équipe du Washington Post qui a analysé les images et vidéos diffusées par l’armée israélienne.

Attaque contre l’hôpital Al Shifa à Gaza : les gros mensonges d’Israël démentis

Même chez certains responsables américains qui ont pourtant soutenu Israël dans ses allégations, le doute commence à s’installer.

« Avant, j’étais convaincu que Al Shifa était le lieu où se déroulaient ces opérations. Mais maintenant, je pense qu’ils devraient présenter plus de preuves », a déclaré un haut membre du Congrès sous couvert d’anonymat, cité par le même journal.

Le Washington Post fait remarquer que le ciblage par un allié des États-Unis d’un complexe abritant des centaines de patients malades et mourants ainsi que des milliers de personnes déplacées n’a pas de précédent.

L’assaut israélien a provoqué l’effondrement du fonctionnement de l’hôpital où le carburant s’est épuisé, les fournitures n’ont pas pu entrer et les ambulances n’ont pas pu récupérer les blessés dans les rues.

Le journal rappelle que juste avant l’entrée des soldats israéliens, les médecins d’Al Shifa ont creusé une fosse commune pour y enterrer 180 personnes, selon les Nations unies, et la morgue ne fonctionnait plus depuis longtemps.

Toujours selon l’ONU, au moins 40 patients, dont quatre bébés prématurés, sont morts dans les jours qui ont précédé et suivi le raid. Les médecins de l’OMS, arrivés quelques jours après l’assaut, ont décrit l’hôpital comme étant une « zone de mort ».

Au moins deux bébés prématurés sont morts le 11 novembre lorsque l’hôpital est tombé à court d’électricité et plusieurs dizaines de patients supplémentaires sont décédés aux soins intensifs au cours des jours suivants, ont rapporté les médecins.

En dépit de ces horreurs et des enquêtes réalisées par de grands médias occidentaux prouvant qu’Israël a menti, aucun gouvernement soutenant Israël n’a condamné la destruction de cet hôpital. Au contraire, à chaque fois, ils réitèrent le droit de l’État hébreu de se défendre.

L’attaque contre l’hôpital Al Shifa a commencé début novembre. Ghassan Abu Sitta, un chirurgien palestinien britannique travaillant à l’hôpital au premier jour de l’attaque, a témoigné que « le bâtiment tremblait si violemment » à cause de l’intensité des bombardements.

Cela, au moment où des milliers de civils terrifiés étaient coincés à l’intérieur alors que les Israéliens isolaient l’enceinte du monde extérieur.

L’armée israélienne ne s’est pas arrêtée à ce crime, mais a systématisé ses agressions contre les enceintes hospitalières de Gaza, rendant difficile, voire impossible la prise en charge des victimes civiles des bombardements. Au 15 novembre, la moitié des infrastructures sanitaires du bord de la bande de Gaza était déjà endommagée.

La mise hors service du complexe Al Shifa a compliqué la situation étant donné qu’il est l’hôpital « le plus avancé et le mieux équipé de Gaza ». Après le début de la guerre, il est devenu « le cœur battant du système de santé défaillant de l’enclave, ainsi qu’un lieu de refuge pour des dizaines de milliers de Gazaouis déplacés », écrit le Washington Post.

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