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Attaque de Tin Zaouatine : le conflit Russie – Ukraine arrive au nord du Mali

Attaque de Tin Zaouatine : le conflit Russie – Ukraine arrive au nord du Mali

Mali - Ukraine Par : Svystun_Roman | adobe.stock.com
Mali - Ukraine

La situation ne fait que se compliquer au Sahel, en proie au regain de l’activité terroriste. La dernière attaque de grande ampleur qui a visé, fin juillet au nord du Mali, les forces maliennes et celle d’Africa Corps, ex-Wagner, produit ses premières répercussions sur la géostratégie régionale et internationale. Le Mali a annoncé dimanche 4 août la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine.

L’attaque a eu lieu du 25 au 27 juillet à Tin Zaouatine, près de la frontière du Mali avec l’Algérie. Bien qu’aucun bilan officiel ne soit rendu public, diverses sources ont fait état de dizaines de soldats maliens et de mercenaires de l’ex-Wagner tués ou faits prisonniers par les rebelles touaregs du CSP (Cadre stratégique pour la paix et la défense du peuple de l’Azawad). 

Attaque sanglante contre les forces maliennes et Wagner à Tin Zaouatine

La colère de Bamako est suscitée par une vidéo partagée par l’ambassadeur d’Ukraine au Sénégal dans laquelle le porte-parole du renseignement militaire ukrainien déclare avoir fourni des renseignements aux rebelles qui ont mené l’attaque de Tin Zaouatine. L’ambassadeur Yurii Pyvovarov a exprimé dans la même vidéo le soutien de son pays à la rébellion. 

Les autorités ukrainiennes n’ont ni démenti ni condamné ces propos, a constaté le gouvernement malien qui a alors pris la mesure extrême de rompre ses relations diplomatiques avec Kiev. 

La décision a été annoncée dimanche 4 août dans un communiqué du porte-parole du gouvernement malien. "Ces affirmations d’une extrême gravité, n’ayant fait l’objet d’aucun démenti ni d’une condamnation de la part des autorités ukrainiennes, montre un clair soutien officiel du Gouvernement ukrainien au terrorisme en Afrique, au Sahel et plus précisément au Mali », lit-on dans le texte. 

Face aux accusations maliennes, l’Ukraine botte en touche

Bamako considère cette attitude de Kiev comme une « agression » et une  « hostilité ukrainienne » qui « viole » la souveraineté du Mali et déclaré adhérer « totalement au diagnostic établi par la Fédération de Russie (…) sur la nature néonazie scélérate des autorités ukrainiennes ». 

Outre la rupture, « avec effet immédiat », des relations diplomatiques avec l’Ukraine, le gouvernement malien annonce aussi la saisine de la justice suite aux propos des deux responsables ukrainiens, « la prise de mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali, à partir d’Etats africains » et l’alerte formelle aux instances régionales et internationales. 

Dans sa réaction, lundi 5 août, le ministère ukrainien des affaires étrangères a estimé que la décision de Bamako est « à courte vue » et « précipitée ». Mais il n’a pas démenti les propos à l’origine de cette crise, préférant botter en touche en insistant sur l’agression de son pays  par la Russie. Kiev dit seulement que Bamako est allé à la rupture sans "fournir aucune preuve de l’implication de l’Ukraine dans ledit événement.

L’Algérie avait mis en garde le Mali

Les autorités maliennes reconnaissent seulement qu’il y a eu des morts parmi les soldats de l’armée malienne et des dégâts matériels suite à l’attaque de Tin Zaouatine. Les rebelles Touaregs affirment pour leur part avoir tué 84 mercenaires de Wagner et 47 soldats de l’armée malienne. 

Interrogé le 31 juillet en conférence de presse à Alger sur la situation au Nord-Mali, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a rappelé que l’Algérie avait mis en garde contre le retour de la guerre civile au Mali lorsque les autorités maliennes avaient décidé unilatéralement de révoquer l’accord de paix d’Alger en janvier dernier. C’est désormais le conflit Russie-Ukraine qui arrive aux frontières sud de l’Algérie. 

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