Durant la campagne électorale pour les législatives du 12 juin, certains chefs de partis se sont laissés aller à des discours controversés jugés parfois racistes et régionalistes.
La sortie du chef du parti islamiste El Bina, Abdelkader Bengrina, contre la Kabylie et Tamazight a suscité une vague d’indignation au sein de la population.
Bengrina a qualifié Tamazight de « chose », et laissé entendre que la Kabylie a été favorisée par le régime de Bouteflika. D’autres élus et responsables de partis se sont attaqués à la Kabylie durant cette campagne électorale.
Des discours dénoncés vigoureusement et en des termes crus par le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des Moudjahidin, Mohand Ouamar Benelhadj.
« Certains partis sans identité politique cherchent, à défaut d’un programme, comment salir l’autre. On recourt à l’insulte, au mensonge et à la propagande. Ils ne vivent que de cela, parce qu’ils n’ont rien d’autre à donner », a déploré M. Benelhadj dans une vidéo postée sur le site de l’ONM.
« Il y a même des gens qui vont beaucoup plus loin en semant la division. Et allument des brasiers », a-t-il tonné lors d’une interview accordée à la web-tv de l’Onm.
« Des gens qui n’ont aucun programme (politique) s’adonnent à leur sport favori : le dénigrement. Ils en sont arrivés à faire feu contre une région : la Kabylie. Les frères au sein de l’ONM sont d’accord pour que je réponde à ces gens-là », a-t-il enchainé.
« On a traité les kabyles de zouaves, d’agents de l’étranger, ils sont accusés d’agir pour la France (hizb frança). Leurs accusateurs n’ont rien laissé. Honte à eux. Vous ne valez rien », s’offusque le vieux moudjahid.
« Les kabyles, des zouaves ? Dans ma région natale, deux villages ont été brûlés à deux reprises durant la colonisation française, en 1857 et en 1871. Et ce sont les zouaves qui les avaient incendiés », a-t-il rappelé.
“La jeunesse d’aujourd’hui est connectée ailleurs”
Les épisodes malheureux qui ont émaillé la campagne pour les législatives du 12 juin, avec un discours affligeant d’indigence, est le reflet de l’ « absence d’une véritable classe politique », a estimé Mohand Ouamar Benelhadj pour qui la pratique politique est avant tout une lutte de programme et d’idées.
« Même un élément isolé se fixe un but à atteindre. La jeunesse d’aujourd’hui est connectée ailleurs (au propre et au figuré) voire quitte carrément le pays. C’est l’une des causes mais la cause principale relève du domaine moral. Nous avons vu des gens rendre licite qui ne l’est pas et vice-versa. Comme ces gens qui disent que si la situation l’exige, il est licite de pratiquer la corruption », s’étonne-t-il.
En raison de la vacuité du discours de certains hommes politiques, Mohand Ouamar Benelhadj ne cache pas son inquiétude pour l’avenir du pays. « Il y a une semaine à peine, un responsable politique (allusion à Bengrina) n’ayant rien à présenter comme programme pour les élections législatives, n’a rien trouvé d’autre que de promettre le Paradis aux Algériens. Mais qu’a-t-il donc donné à la société sur cette Terre ? », se demande-t-il.
« Ces hommes politiques n’ont absolument rien à donner, et dans l’état actuel du pays on en vient à craindre pour son avenir. Il n’y a pas de quoi pavoiser car la situation ne prête guère à l’optimisme », a-t-il prévenu.