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Attentats en France : Macron se dit « choqué » par le manque de solidarité internationale

Le président français Emmanuel Macron a déploré dans un entretien paru ce lundi la différence dans la solidarité à l’égard de la France vis-à-vis des attentats terroristes dont le pays a été victime en 2015 par rapport à la récente vague ayant touché la France.

« Il y a cinq ans, quand on a tué ceux qui faisaient des caricatures, le monde entier défilait à Paris et défendait ces droits », rappelle Emmanuel Macron dans un entretien accordé à la revue le Grand Continent.

« Là, nous avons eu un professeur égorgé, plusieurs personnes égorgées. Beaucoup de condoléances ont été pudiques et on a eu, de manière structurée, des dirigeants politiques et religieux d’une partie du monde musulman  – qui a toutefois intimidé l’autre, je suis obligé de le reconnaitre – disant : ‘’ils n’ont qu’à changer leur droit’’ », déplore le président français, affirmant que cette posture le « choque ».

« Ceci me choque et en tant que dirigeant, je ne veux choquer personne, je suis pour le respect des cultures, des civilisations, mais je ne vais pas changer mon droit parce qu’il choque ailleurs », affirme le président Macron.

« Et c’est précisément parce que la haine est interdite dans nos valeurs européennes, que la dignité de la personne humaine prévaut sur le reste, que je peux vous choquer, parce que vous pouvez me choquer en retour, nous pouvons en débattre et nous disputer parce que nous n’en viendrons jamais aux mains puisque c’est interdit et que la dignité humaine est supérieure à tout », estime-t-il en outre.

« Nous sommes en train d’accepter que des dirigeants, des chefs religieux, mettent un système d’équivalence entre ce qui choque et une représentation, et la mort d’un homme et le fait terroriste – ils l’ont fait –, et que nous soyons suffisamment intimidés pour ne pas oser condamner cela », dénonce M. Macron.

Le président français a également évoqué durant l’entretien son constat des flux d’immigration illégale touchant la France et l’Europe en général, estimant que le droit d’asile est « massivement détourné ».

« On assiste aujourd’hui à un détournement massif du droit d’asile. C’est cela qui dérègle tout », souligne Emmanuel Macron. « Des groupes de passeurs, qui sont souvent aussi des trafiquants d’armes et de drogues, et qui sont liés au terrorisme, ont organisé un trafic d’êtres humains. Ils proposent une vie meilleure en Europe et ils emploient des filières qui utilisent le droit d’asile », affirme-t-il.

« L’Europe ne réussira pas si l’Afrique ne réussit pas »

« Quand vous avez des femmes et des hommes par centaines de milliers chaque année qui arrivent sur notre sol, qui viennent de pays qui sont en paix et avec lesquels nous entretenons des relations excellentes, à qui on donne des centaines de milliers de visas par an, ce n’est pas du droit d’asile. Ou plutôt, 90 % du temps, ce n’est pas du droit d’asile », estime le président de la France, considérant qu’il y a donc un « détournement » et « une tension sur ce sujet ».

Pour le président Macron, cette tension doit être réglée dans le cadre d’un « dialogue » avec l’Afrique. « L’Europe ne réussira pas si l’Afrique ne réussit pas. Cela est sûr », tranche-t-il. « On le voit quand on n’arrive pas à créer la sécurité, la paix, ou la prospérité à travers le fait migratoire. On le voit parce que l’Afrique est dans nos sociétés. Nous avons une part d’Afrique dans toutes nos sociétés, qui vit aussi en consonance. Et quand je dis Afrique je parle de l’Afrique et du pourtour méditerranéen lato sensu », affirme le président français.

« On doit réussir à ce que l’Afrique voie l’Europe différemment et que nous-mêmes, nous la voyions différemment, c’est-à-dire comme une chance, une formidable opportunité de développement conjoint », avance M. Macron. Pour ce faire, « je ne crois pas que nous avancerons ou que nous réglerons nos problèmes en étant emprisonnés par notre histoire », estime-t-il.

« J’ai moi-même lancé des travaux mémoriels et politiques importants sur l’Algérie notamment, mais je vois dans notre histoire comme un retour du ressentiment et du refoulé où tous les sujets d’ailleurs viennent se mêler : la post-décolonisation, les sujets religieux, les sujets économiques et sociaux, qui créent une forme d’incommunicabilité entre Europe et Afrique », détaille le président de la France.

« Je pense qu’il faut dénouer ces fils mais qu’il faut surtout embrasser l’Afrique avec beaucoup plus de force dans la capacité qu’on lui donne à se développer elle-même, en l’aidant, et donner une fierté aux diasporas qui vivent dans nos pays et qui viennent d’Afrique pour en faire de formidables ferments de cette chance et pas des problèmes comme on les regarde trop souvent », conclut Emmanuel Macron.

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