Politique

Au bord de l’implosion, le FLN tente de s’adapter à la situation politique

Le FLN subit de plein fouet la crise politique actuelle marquée par le refus populaire du maintien du président Bouteflika au pouvoir. Moad Bouchareb, coordinateur du parti, éprouve des difficultés à garder la cohésion au sein du Front autour du soutien au président sortant.

Réunis, ce dimanche 17 mars à Lakhdaria (Bouira), 72 mouhafedhs du FLN ont apporté leur appui au mouvement contre Bouteflika et dénoncé les déclarations de Bouchareb. Ils ont qualifié d'”illégitime” l’instance dirigeante du parti.

« Nous refusons globalement et dans le détail toute décision ou instruction venant de cette instance et nous refusons de travailler avec ses délégués. Nous appelons les membres du Comité central à se réunir dans les plus brefs délais pour élire une nouvelle direction du parti », ont-ils écrit dans leur déclaration dont TSA détient une copie.

Contacté par TSA, un membre de l’instance dirigeante du FLN a minimisé la réaction des Mouhafedhs réunis à Lakhdaria. « C’est un combat d’arrière garde », a-t-il dit. Cette situation est née, selon lui, de la non réunion du Comité central, instance suprême entre deux congrès du parti. « C’est une carence. Il y a un adage qui dit nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Ceux qui ont abandonné le parti, abandonné la réunion annuelle du CC, se réveillent trois ans après pour s’interroger où est le Comité central ? », a-t-il noté.

« Tenir le congrès pour dépasser le complexe de l’absence de légitimité »

Interrogé sur le mouvement de contestation dans la rue contre Bouteflika, le même responsable a répondu en disant qu’on ne doit pas nager à contre-courant. « Le courant est la protestation. Politiquement, personne ne peut ignorer ce mouvement qui a exprimé son refus du cinquième mandat. Il a eu gain de cause. Le président ne s’est pas présenté. Là, il y a un nouveau slogan sur le refus de la prolongation du quatrième mandat. On subodore que le président (de la République) veut une prolongation. Le mandat est encore en cours. On fait donc un procès d’intention au président », a-t-il souligné.

Moad Bouchareb aspire à faire éloigner le FLN de « la tempête » en s’entourant d’anciens responsables du parti pour préparer le congrès extraordinaire.

Un congrès qui pourrait se dérouler avant le Ramadhan prochain, vers fin avril. « Nous devons tenir ce congrès pour dépasser le complexe de l’absence de légitimité. Je suis membre de l’actuel Comité central mais je ne m’accroche pas à sa légitimité pour ne pas consacrer l’exclusion de certains dirigeants qui ne sont pas membres de cette instance. Nous voulons que le prochain congrès soit rassembleur pour élire une nouvelle direction et changer la vitrine du parti. Si demain la Conférence nationale (voulue par le président Bouteflika) se réunit, une direction légitime doit être présente pour parler au nom des militants », a précisé, ce dimanche 17 mars, Hocine Khaldoun, porte-parole du FLN, dans une déclaration à TSA.

« Certains veulent induire les gens en erreur, nous n’avons jamais été contre le mouvement actuel. Le FLN qui est sorti des entrailles du peuple, ne peut pas être contre lui. Ce mouvement a libéré beaucoup d’anciens dirigeants du parti qui, aujourd’hui, peuvent dire ce qu’ils ne pouvaient pas auparavant. Le système actuel a marginalisé le rôle du FLN. Le FLN a décroché la majorité au Parlement, mais il ne dirige pas » le pays, a-t-il ajouté.

M. Khaldoun a indiqué que des contacts sont menés actuellement avec certains mouhafedhs, qui se sont réunis à Lakhdaria. « Je leur ai dit que les portes du dialogue sont ouvertes et que personne ne doit avoir peur de l’exclusion. L’instance dirigeante actuelle est temporaire. Elle a été désignée par le président du parti qui, en même temps, a convoqué un congrès extraordinaire. L’actuel comité central, et les dirigeants et les cadres qui n’en sont pas membres, seront conviés au congrès », a précisé Hocine Khaldoun.

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