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Au Maroc, la campagne de boycott de produits prend une ampleur politique

Au Maroc, la campagne de boycott de produits prend une ampleur politique

La campagne de boycott de plusieurs produits a gagné de l’ampleur au Maroc, prenant une tournure politique. Lancée il y trois semaines sur les réseaux sociaux, elle a visé les stations d’essence Afriquia, l’eau Sidi Ali et le lait Danone, tous trois leaders sur le marché marocain.

Largement suivie par les citoyens marocains, l’opération de boycott a eu des échos dans l’ensemble du pays allant jusqu’à faire réagir la classe politique marocaine. Des députés ont notamment reproché au gouvernement marocain son absence de réponse aux revendications des citoyens concernant la cherté des produits de première nécessité visés par le boycott.

« Des forces du peuple marocain ont appelé au boycott. Le gouvernement ne répond pas à ces revendications. Bien au contraire, les ministres ont insulté le peuple marocain. Ils les ont appelé les étourdis, certains les ont même traités de bétail », a dénoncé le député du Parti authenticité et modernité, Abdellatif Ouahbi, lors d’une houleuse séance de questions au gouvernement au Parlement ce lundi.

« Posez-leur la question ‘’pourquoi vous boycottez ?’’ Ce peuple n’a-t-il pas le droit de discuter avec vous ? », a demandé Abdellatif Ouahbi, cité par le média marocain Telquel. « On vit une dure réalité, c’est que votre gouvernement n’arrive pas à répondre aux revendications des gens », a-t-il conclu.

« Il y a un cafouillage et une incapacité du gouvernement à répondre à ce qui se passe sur les réseaux sociaux », a estimé de son côté le député Noureddine Moudiane, du Parti de Istiqlal. « On attendait du gouvernement une réponse franche, mais le silence du gouvernement n’est autre qu’un aveu d’une augmentation généralisée des prix, avant et après ramadan. Le gouvernement ne doit pas se limiter à laisser la libre concurrence s’opérer sur le marché, il doit aussi protéger le pouvoir d’achat des citoyens », a affirmé le député, cité par la même source.

Défendant l’action du gouvernement, le ministre marocain délégué aux Affaires générales, Lahcen Daoudi, a affirmé que « le gouvernement est innocent. Les positions des ministres ne représentent pas le gouvernement ». « Voulez-vous qu’on recule ? Voulez-vous qu’on se remette à subventionner les produits de première nécessité ? Sommes-nous un gouvernement socialiste ? », a interrogé le ministre.

En parallèle, un imam marocain a été démis de ses fonctions après avoir soutenu durant le sermon de la prière du vendredi la campagne de boycott, rapporte le site marocain h24info. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques marocain a indiqué dans un communiqué publié ce lundi que le prêcheur de la mosquée Ibrahim Khalil située dans la ville de Salé, a été démis de ses fonctions pour avoir notamment « consacré son dernier discours à des sujets dont la compétence revient à d’autres institutions ».

Pendant ce temps, la campagne continue d’être promue et soutenue sur les réseaux sociaux. « Je n’ai jamais été aussi fier d’être Marocain que lors de cette campagne de boycott. La majorité des Marocains est d’accord », s’est réjoui un utilisateur sur Twitter.

« Maintenant il faut que cela dure et rajouter deux ou trois marques significatives à la liste », a-t-il affirmé en outre. « Le boycott dévoile la mauvaise gérance des prix au marché interne du Maroc et le manque de contrôle », a estimé pour sa part un autre utilisateur.

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