search-form-close
Au moins 8 disparus dans l’effondrement d’immeubles vétustes à Marseille

Au moins 8 disparus dans l’effondrement d’immeubles vétustes à Marseille

Au moins 8 personnes étaient portées disparues lundi soir après l’effondrement de plusieurs immeubles du centre de Marseille, une catastrophe qui nourrit déjà une polémique sur l’habitat vétuste dans la cité phocéenne.

« Huit personnes auraient été susceptibles de se trouver dans l’immeuble », a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner arrivé sur place lundi soir, se disant « peu optimiste face à la situation ». « Deux passants seraient susceptibles d’avoir été emportés dans l’effondrement », a-t-il ajouté.

« Nous sommes dans l’inquiétude pour ces huit personnes », a encore dit M. Castaner. Il y a « peu de chance que l’on puisse trouver des poches de survie, en s’effondrant un troisième immeuble (tombé en fin d’parès-midi, NDLR) a écrasé les gravats des deux premiers ». Mais « tant qu’il y aura le moindre doute, nous rechercherons », a assuré le ministre.

Parmi les personnes disparues, figureraient une femme qui n’est pas allée chercher sa fille à l’école et une autre femme « qui ne sortait jamais de chez elle », avait indiqué auparavant le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, évoquant au moins 7 habitants de ces immeubles disparus.

En visite à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), le président de la République, Emmanuel Macron a fait part dans la soirée de « l’affection et la solidarité de la nation toute entière ».

– « Course contre la montre » –

« Ce qui compte c’est qu’on trouve le moins de morts possible, mais nous pensons qu’il y en aura », avait prévenu dans l’après-midi le maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Peu après l’effondrement des deux premiers bâtiments mitoyens, vers 09H00, les sauveteurs avaient pris en charge deux blessés légers, des passants.

Les secours « travaillent d’arrache-pied pour savoir si des individus sont coincés » sous les décombres, dans des « poches de survie où ils auraient pu se réfugier », avait déclaré sur place le ministre du Logement Julien Denormandie dans l’après-midi.

Pour cette « course contre la montre », comme l’a qualifiée M. Denormandie, près de 100 marins-pompiers et 33 véhicules ont été déployés dans cette rue commerçante du quartier populaire de Noailles, à deux pas du Vieux-Port et de la Canebière. Les recherches pourraient durer plusieurs jours.

Sur l’amas de gravats blanchâtres, de 4 à 5 mètres de haut sur 10 à 15 mètres de profondeur, qui obstrue la moitié de la voie, des marins-pompiers, casque de protection sur la tête, fouillaient les décombres de ces deux bâtiments de quatre et cinq étages.

Plusieurs témoins ont confirmé à l’AFP la présence possible de personnes dans les bâtiments au moment de l’effondrement.

Une enquête a été confiée à la police judiciaire, qui doit déterminer l’origine de la catastrophe, dans ce quartier défavorisé du centre-ville qui compte de nombreux immeubles dégradés voire insalubres.

L’un des deux bâtiments, au 63 de la rue, était « fermé et muré », selon la mairie, qui l’avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Cependant, l’immeuble était « entièrement sécurisé », a martelé l’adjointe au maire chargée du logement, Arlette Fructus.

– « Désinvolture et indifférence » –

A numéro 65, dans l’autre immeuble, 9 appartements sur 12 étaient en revanche habités, selon les pompiers. En copropriété, il avait fait l’objet le 18 octobre « d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants », selon la mairie.

Un troisième immeuble, au numéro 67, s’est partiellement effondré dans la soirée. « On a décidé d’intervenir avec une pelleteuse pour enlever la partie fissurée. Le mur a commencé de tomber tout seul au départ puis (…) est tombé d’un coup », a expliqué l’amiral Charles-Henri Garié, qui commande les marins-pompiers de Marseille.Ce troisième immeuble avait été abandonné et muré depuis l’été 2012.

« Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours », selon une hypothèse avancée par la mairie qui a relogé 100 personnes évacuées dans les immeubles à proximité.

Mais plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. « Derrière la carte postale idyllique on mesure une fois de trop les échecs de la politique de l’habitat et du centre-ville », a déclaré la sénatrice PS Samia Ghali.

« Ce sont les maisons des pauvres qui tombent et ce n’est pas un hasard », a tonné le chef de file des Insoumis et député du secteur Jean-Luc Mélenchon, regrettant « une drôle d’odeur de désinvolture et d’indifférence à la pauvreté ».

La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. La cité phocéenne est particulièrement concernée: selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de « 100.000 habitants » de la ville.

  • Les derniers articles

close