Pour la troisième année consécutive, l’Algérie a présenté ses produits au Salon international de l’Agriculture qui s’est tenu du 23 février au 03 mars à Paris. Cette fois sur un imposant pavillon de 350 mètres carrés, près de 700.000 visiteurs de France et du monde entier ont eu l’occasion d’admirer les fruits et légumes algériens et d’apprécier dates, huiles d’olive et couscous du terroir.

Sur les stands, des représentants du secteur public comme la Chambre nationale d’agriculture et Givapro, et une quinzaine d’exposants privés accompagnés par la Safex. L’organisme a financé leurs stands et le transfert de leur marchandise à hauteur de 80%, nous explique Makhlouf Chalal, opérateur indépendant algérien et organisateur de la première participation algérienne privée au salon en 2017, après 25 ans d’absence.

L’an dernier déjà, la Safex avait organisé le pavillon algérien. « Nous nous sommes battus pour que le salon de l’Agriculture soit inscrit au programme de la Safex cette année. Le pavillon est sous tutelle du ministère du commerce, et le ministère de l’Agriculture est là pour représenter la profession, » se réjouit M. Chalal.

Côté fruits et légumes, l’entreprise privée Yaker a exposé sa production d’ail, tandis que le groupe public Givapro a exposé pommes, oranges, poivrons ou pommes de terre. Le groupe a participé à une visite de la plateforme du Rungis au cours de la semaine. Le début d’un effort qui devra être soutenu pour relever le défi de l’exportation. « Nous avons des excédents pour certains produits, et il y a un intérêt pour les produits algériens, car nous utilisons moins d’engrais et avons du soleil. Mais nous devons produire pour l’exportation, cela doit devenir un métier, » explique Abdelmalek Akkouche, secrétaire général de la Chambre nationale d’agriculture. « Nous avons été absents, » poursuit-il, « maintenant, il faut gagner sa place sur le marché internationale, puis la garder. La concurrence est rude.»

Au salon, les produits sélectionnés sont « labellisés ou en cours de labellisation, et exportables », indique M. Akkouche. Parmi les rencontres faites par les Algériens au salon, celle de la Fédération nationale du réseau de développement apicole (ADA-France), avec qui des échanges de connaissance sont prévus. Mais parmi les obstacles à l’exportation du miel algérien, des réglementations « rigides » pour les produits d’origine animale, indique le secrétaire général.

« Venez, bienvenue, marhaba! » Depuis son stand, Hakim Rahal, distributeur de la petite entreprise traditionnelle d’huile d’olive Kabylia, invite les passants à tremper de petits morceaux de pain dans une coupelle d’huile d’olive. « Celle-là il faut aller la chercher à la montagne! » lance-t-il. « C’est très bon! » le félicite un jeune couple. Que cherche l’entreprise dans ce salon? « Nous sommes là pour la représentation commerciale, et pour faire goûter nos produits aux gens, » explique M. Rahal. « Certains ne savaient même pas que l’Algérie produisait de l’huile d’olive. Nous avons une opportunité au niveau qualitatif, car le goût chez nous n’a pas été affecté par les produits chimiques. Mais l’exportation reste marginale, » note-t-il.

Sur un stand à proximité, le groupe Ifri entend relever le défi. Le salon est l’occasion pour la marque de lancer son huile d’olive Numidia. C’est une huile d’olive « haut de gamme » des huileries Ouzellaguen, filiale d’Ifri, explique avec enthousiasme Xavier Jeanpierre, directeur exécutif d’Ifri European Partner, le distributeur de Numidia. Autres produits présentés : citronnades et jus sans additifs, et eau de source. Le groupe, qui produit 4 millions litres de boissons par jour, indique M. Jeanpierre, a atteint des accords avec les grands distributeurs et s’est rapproché des boucheries, épiceries et boulangeries qui constituent le « réseau ethnique ». « Il est important de se retrouver et de représenter l’Algérie positivement », estime, pour sa part, Samir Gherrib, responsable commercial nouveaux marchés.

A côté, la conserverie Thala, de retour au salon cette année, propose la dégustation de ses salades mechouya, pesto, tomates séchées et confitures mise en conserve dans des bocaux en verre. Pour la conserverie Thala, 100% de l’activité se fait à l’export, surtout vers le sud de la France, car à Paris, « c’est plus difficile d’atteindre les commerçants algériens » remarque le gérant, Farid Loudahi. Il ajoute : « Les gens sont très surpris de voir des produits algériens répondant aux normes internationales ». Autre « habitué » du salon, la maison Lahlou expose ses couscous aux herbes et berkoukès roulés traditionnellement à la main par des femmes en Kabylie, une main d’oeuvre précieuse mais qui se fait rare, déplore le gérant, Hakim Lahlou.

Comme à chaque édition, les dattes algériennes attirent l’attention des visiteurs, qui s’agglutinent autour des stands. Basé entre Biskra et la banlieue parisienne, M. Rahmoun présente avec sa famille ses dattes et dérivés comme sirop, farine et pâte de dattes. Son entreprise existe depuis un an et demi. « Le plus positif pour moi dans ce salon, ça a été les ventes, » confie-t-il. L’entreprise a eu quelques contacts prometteurs avec des clients potentiels venus d’Afrique et d’Asie, mais pour lui, l’endroit ne se prête guère à la signature de gros contrats.

Un constat confirmé par Mohamed Hammoudi, gérant de Datol, producteur de dattes en gros, qui trouve davantage d’opportunités de vente en gros dans les salons professionnels comme le SIAL. Il a toutefois profité du salon pour faire la publicité de ses produits devant le grand public et présenter les dattes algériennes. « Il y a des Européens qui ne savent pas que les dattes algériennes sont de grande qualité », remarque-t-il. Un produit qui n’a pas son marché partout : « En France, c’est la Deglet Nour qui est la plus appréciée, mais dans d’autres pays en Asie ou au Moyen-Orient, nous vendons plutôt d’autres qualités, plus adaptées au goût local », explique-t-il.

Pour la plupart des exposants, la participation est une réussite qu’ils espèrent renouveler l’an prochain. D’ici là, d’autres salons en prévision, comme le Medfel en avril. Pour M. Chalal, le cap est sur une représentation de l’Algérie au salon mondial du tourisme de Paris, prévu du 14 au 17 mars prochains.