Les chutes de pluie sur la capitale, ce vendredi 9 novembre, n’ont pas empêché les visiteurs de venir en masse au Palais des expositions des Pins maritimes où se tient le 23e Salon international du livre d’Alger (Sila) qui ferme ses portes samedi à 19 h.
Un avant dernier jour bien animé. Il y a eu d’abord l’arrivée de Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, entouré de gardes du corps à la corpulence massive et « une petite forêt » de caméras. Dès son entrée au Pavillon central, le patron du FLN est sollicité par les journalistes pour s’exprimer sur les derniers développements politiques dans le pays avec notamment la récente création d’une Alliance présidentielle, regroupant le FLN, le RND, le MPA et TAJ.
« Nous sommes le vendredi. Nous parlons du livre, de la langue arabe et de la langue amzighe, de Mouloud Ferroun, de Mouloud Mameri, de Mohammed Dib. On ne fait pas de politique. Je suis venu pour les livres », a déclaré Djamel Ould Abbes pour calmer l’ardeur des reporters. Il a promis de revenir sur ce nouveau projet politique les prochains jours.
« Il y a des choses qu’on ne révèle qu’après 50 ans »
Djamel Ould Abbes a annoncé, en réponse à une question de TSA, qu’il envisage de publier ses mémoires. « Elles sont presque prêtes, mais c’est volumineux. Cela couvre 64 ans de militantisme. J’écris ces mémoires depuis cinq ans. Il y aura beaucoup de révélations. Il y a des choses qu’on ne révèle qu’après 50 ans. Vous le savez. Je ne vous dit rien pour l’instant. Il faut bien que je garde un peu le secret », a précisé le premier responsable du FLN.
Selon lui, ces mémoires, qui seront déclinées en plusieurs volumes, seront disponibles lors du prochain salon du livre d’Alger en octobre 2019. Interrogé sur le bilan du président Abdelaziz Bouteflika que le FLN s’est engagé à établir, Djamel Ould Abbes a répondu que le document est finalisé à 100%. « Il sera rendu public la semaine prochaine », a-t-il indiqué.
« J’ai lu tous les romans de Yasmina Khadra »
Ould Abbes a précisé avoir saisi les organisateurs du Sila par écrit pour l’achat d’ouvrages complets d’une douzaine d’auteurs comme Tahar Ouettar, Kateb Yacine, Amin Zaoui, Waciny Laredj, Mohammed Dib, Mouloud Ferraoun, Rachid Boudjra, Hosni Kitouni, Djoher Amhis…
« Tous ces auteurs sont des algériens. Je lis Kamel Daoud. Et j’ai lu tous les roman de Yasmine Khadra. Je connais personnellement ces écrivains. Maintenant, chacun a sa propre voie. Moi, je respecte tous ceux qui écrivent à condition qu’il n’ait pas de diffamation, d’insulte, de hogra et de haine. Quand on voit tout ce public présent au salon du livre, on peut dire que l’Algérie va bien », s’est-il félicité.
Il a refusé de revenir sur le dernier pamphlet de Rachid Boudjadra, traduit en arabe et paru aux éditions Frantz Fanon, « Zounat al tarikh » (les fornicateurs de l’Histoire). « Je sais qu’il y a une plainte déposée contre lui. Et, on m’a dit qu’il va se réconcilier avec Kamel Daoud », a-t-il dit. Il n’a pas voulu commenter le contenu du livre de Rachid Boudjadra.
Le SG du FLN a évoqué « les acquis » en matière de reconnaissance de l’amazighité en parlant de la création d’une Académie amazighe (prévue avant la fin de l’année, selon Ahmed Ouyahia, Premier ministre) et la consécration de Yennayer comme fête nationale. « Graduellement, la langue amazigh, langue originelle des Algériens, sera enseignée. Il faut régler la question de la graphie. Le président Bouteflika a agit d’une manière pédagogique pour avancer car il y a des embûches. Ces embûches qui existent toujours. Il sera écrit en lettres dorées tout ce que le président Bouteflika a entrepris pour l’amazighité », a-t-il dit.
« Notre littérature est massivement présente à l’université »
Il y a eu ensuite, Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui était également en visite, ce vendredi, au Salon du livre.
Au stand des éditions Barzakh, il a salué le romancier Amin Zaoui en disant qu’ils étaient des camarades d’école. « Tous nos hommes de lettres, âgés ou jeunes, ont un rapport avec l’université. Certains sont enseignants, d’autres étudiants. Je pense que les étudiants qui fréquentent le salon du livre cherchent d’abord les livres scientifiques, ce n’est qu’après qu’il cherche des livres de culture générale. Cela dépend des centres d’intérêt. Ce qui est important est que notre littérature est massivement présente à l’université », a souligné Tahar Hadjar, dans une déclaration à TSA.
Selon lui, les thèses de master ou de doctorat, dans les facultés de lettres, s’intéressent à tous les auteurs, pas uniquement les classiques. « Il y a des dizaines de thèses écrites sur l’œuvre de Amin Zaoui. Il y a même des écrivains qui sont à leurs débuts, mais suscitent l’intérêt de la recherche à l’université, surtout en ce moment », a-t-il dit.
« On a déformé mes propos »
Interrogé sur la polémique suscitée par ses propos sur le Nobel, en août 2018, Tahar Hadjar a précisé avoir été mal compris. « On a déformé mes propos en les faisant sortir de leur contexte. Un journaliste m’a interrogé en disant que par le passé, des enseignants de l’université d’Alger ont obtenu le prix Nobel. J’ai répondu qu’il s’agit d’enseignants français de l’université d’Alger qui étaient là alors que l’Algérie était sous occupation française. J’ai dit à quoi me sert un Nobel, obtenu par un français à l’époque, en 2018, à propos de l’enseignement actuel à l’université d’Alger. J’ai dit ce Nobel nous n’appartient pas. À quoi me sert un prix donné aux Français ? À la limite, si le Nobel a été décroché par un Algérien, même à l’époque coloniale , on aurait été fier. Là, il s’agit de Français. Le dernier en date était Albert Camus en 1957 », a expliqué le ministre.
Il a rappelé que sur le plan de la procédure légale, l’Algérie a le droit de prendre en compte les distinctions obtenues par l’université, même à l’époque coloniale, pour un meilleur classement des universités à l’échelle internationale. « Mais, sur le plan pratique, cela ressemble à une triche, car les prix nous n’appartient pas », a-t-il appuyé.