Le constat est unanime : au troisième jour de l’Aïd, la plupart des commerces d’Alger restent fermés. Grandes rues et petites artères, chaleur et tôt élevé d’humidité aidant, s’apparentent à un désert. Un état de fait fortement pénalisant, de l’avis de tous.
Les consommateurs qui se sont déplacé aujourd’hui vers les marchés de la capitale pour effectuer quelques achats sont restés sur leur faim. La plupart des commerçants ont fait le pont après l’Aïd. Hormis quelques boutiques du prêt à porter très peu visitées, il est difficile de faire ses courses. Et pour cause, supérettes, boulangeries et autres commerces indispensables pour la vie citadine gardent les rideaux baissés.
Seuls quelques boulangers ont consenti à rallumer leurs fourneaux. Il faut jouer des coudes et faire le pied de grue avant de pouvoir repartir avec une baguette ou deux, sous le bras. « Il n’y a pas où acheter un pain », s’indigne un homme debout devant l’une des rares supérettes ouvertes à Alger-Centre. En fait, la situation est pire que lors des deux premiers jours de l’Aïd, puisque au troisième jour les commerçants ne sont aucunement tenus d’assurer une quelconque permanence.
Rencontré à Alger-Centre, le maire Abdelhakim Bettache, rappelant que 90% des commerçants habitent hors wilaya, déplore cette situation. « Beaucoup de commerçants ont préféré faire le pont », dit-il, en espérant que samedi il y aura un retour à la normale.
Les commerçants de cette localité, de l’avis du maire, n’ont pas respecté la note du ministère du Commerce leur ordonnant d’assurer la permanence. Dans une vidéo diffusée par la chaîne El-Bilad TV, le P/APC n’a pas manqué d’appeler les autorités à appliquer la loi dans toute sa rigueur en vue d’éviter le même scénario pour l’année prochaine.
Les boulangeries ne sont pas les seules à ne pas allumer leurs fours, les restaurants aussi. A la rue Tanger, connue pour ses innombrables gargotes, tous les commerces ou presque sont fermés.
Le mal de la restauration vient du fait que la plupart des travailleurs (cuisiniers, serveurs et autres plongeurs) ne sont pas d’Alger. « Il est quasi impossible de travailler. Personne pour cuisiner, personne pour servir, personne pour laver une assiette…», raconte le propriétaire d’un restaurant dont le rideau était à moitié levé.
Pire que tout, il est quasiment impossible de trouver des légumes. Les étals des marchés sont restés désespérément vides en ce jeudi matin. Les quelques commerçants qui ont exposé fruits et légumes ont imposé leur prix, et ils sont élevés. Une forme d’extorsion qui met à mal le portefeuille des clients.
À Redha Houhou (ex Clauzel), on ne trouve que des fruits à des prix exorbitants. Au marché Ferhat Boussaad (Ex- Meissonnier), le kilo de tomates caracole à 140 da, la courgette à 200 da, les poivrons verts à 180 da, la laitue à 200 da, la pomme de terre à 140 da, les haricots verts à 250 da, le raisin à 350 da et les figues à 250 da.
Des prix qui ont accusé une augmentation de 50% en quelques jours, faisant grincer les dents des consommateurs. « On va se faire dépouiller ainsi jusqu’à la semaine prochaine », gémit un père de famille. « Regardez, les prix ne sont même pas affichés. Le vol a lieu en toute impunité », dénonce-t-il.
En attendant un retour progressif à la normale, les ménages rongent leur frein. Pour les plus chanceux, ce sera brochettes et pâtes dans les assiettes jusqu’à dimanche prochain, puisque la plupart des commerçants ont décidé de prolonger leur weekend, foulant au pied la notion de service public.