Économie

Autosuffisance en Algérie : la bataille des semences de céréales

À la Coopérative des céréales et de légumes secs de Saïda, l’empilement des sacs de semences de blé est tel qu’il prend la forme d’une pyramide dont le sommet atteint la toiture des hangars qui les abritent.

L’heure est à l’usinage des semences certifiées. Loin d’être anodines, c’est de ces opérations que dépend une bonne partie du rendement de la production céréalière en Algérie.

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Déjà, des CCLS invitent les agriculteurs à venir retirer les premiers lots de semences d’orge. Pour encourager la culture des céréales, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) vient de décider d’accorder une réduction de 20% du prix de ces semences.

Usinage des semences, 7 jours sur 7

Les agriculteurs ne sèment pas le blé qu’ils ont récolté mais sèment des semences certifiées. Aux côtés de quelques petits opérateurs privés, les CCLS ont la charge de produire ce type de semences en triant et traitant aux fongicides les lots de blé récoltés par les agriculteurs spécialisés dans la multiplication.

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Objectif : produire pour la mi-octobre 3 millions de quintaux de semences. Depuis plusieurs semaines le personnel s’active jusqu’à 7 jours sur 7 autour des tarares et autres tables densimétriques. Un matériel sophistiqué qui permet d’éliminer les graines de mauvaises herbes, les impuretés de toutes sortes et les grains de petite taille.

Une fois ces grains traités contre les maladies et colorés en rouge afin d’éviter toute confusion avec des lots de blé de consommation, les semences sont mises en sacs de 100 kg et entreposées.

Des semences même à Adrar

De l’ouest à l’est algérien, dans les CCLS c’est le même branle-bas de combat. A la CCLS d’Oued Rhiou, un flot continu de semences sorti d’une trémie permet de remplir des sacs qui défilent sur un tapis roulant. Ils sont saisis par des ouvriers qui les ferment à l’aide d’une couseuse portative. Dans la couture de chaque sac est glissée une étiquette mentionnant la nature des céréales.

Dans le grand sud, la CCLS d’Adrar possède également sa station de semences. En pleine zone désertique, Adrar produit ses propres semences certifiées. L’ingénieur Mohamed Amine Kehal confie à la Télévision algérienne  que la « CCLS a collecté 40 000 quintaux de céréales”. Des céréales produites sous pivot d’irrigation. Aujourd’hui, par camions semi-remorques, la CCLS est à même d’approvisionner en blé de consommation les wilayas limitrophes.

Des lots de semences contrôlés par le CNC

La coopérative dispose d’un matériel moderne d’usinage acquis auprès de l’entreprise turque Akyurek. Les investisseurs cultivant sous pivot sont donc assurés de disposer de tout type de semences : blé tendre, blé dur et orge. Dans les hangars, sur des palettes en bois, des big bag sont disposés sur deux niveaux avec pour chacun un panneau indiquant son origine.

De chaque lot des échantillons sont prélevés pour être envoyés à Sidi Bel Abbès au laboratoire régional du Centre national de certification (CNC). C’est seulement après analyse de la pureté variétale et du taux de germination des lots qu’est délivré le label “semences certifiées”.

Semences certifiées, un gage de qualité

C’est l’acquisition récente de matériel moderne qui a permis aux CCLS de produire jusqu’à 3 millions de quintaux de semences. Lors d’un récent passage sur les ondes de la Télévision algérienne, Nourredine Amrani, le chargé de l’appui à la production au niveau de l’OAIC, indiquait que les besoins actuels de l’Algérie sont de 4 millions de quintaux et promettait que des investissements ultérieurs devraient permettre de combler le déficit actuel d’un million de semences.

Pour l’agriculteur, utiliser des semences certifiées constitue un gage de rendement. En effet, semer directement les grains récoltés, c’est risquer de semer également des graines de mauvaises herbes et des grains de petite taille peu productifs. Sans parler du risque de maladies par manque de traitement des grains par des fongicides.

Depuis peu, des CCLS proposent aux agriculteurs de trier et traiter leurs propres semences. Des opérateurs privés investissent également ce marché.

En utilisant des semences certifiées, l’agriculteur a aussi la garantie de semer une variété précise. Et cela est loin d’être anodin.

Selon la variété, un rendement de 14 ou 72 quintaux

Actuellement, les CCLS proposent un large choix de variétés de blé. Le choix variétal est crucial pour l’agriculteur. Dans le cas du blé dur, l’écart de rendement entre anciennes variétés et nouvelles peut-être de plusieurs dizaines de quintaux.

Dans son champ moissonné, à côté de d’un tas de balles de paille qui attendent d’être enlevées, Nabil Souadi, agriculteur à Aïn Arnat confiait fin août à Ennahar TV : “La variété Mohamed Ben Bachir donne seulement un rendement de 13 à 14 quintaux avec un itinéraire technique complet. C’est pour cela qu’il faut aller vers les variétés Oued Bared, Boussalem dans notre région.”

A la Cassap de Sétif, l’ingénieur Mahfoud Makhlouf, fin connaisseur de la culture des céréales ajoutait : “L’agriculteur demande du Mohamed Ben Bachir, Bidi 17, mais ces variétés ont des rendements limités. L’agriculteur doit semer d’autres variétés.”

Si les variétés Oued Zenati ou Hedba donnent 14 quintaux par hectare, la nouvelle variété Oued Bared peut en produire jusqu’à 72. Certes un tel rendement est obtenu en conditions irriguées et dans la mesure où la culture reçoit une fertilisation suffisante et un désherbage adéquat.

Oued Bared, Boussalem et bien d’autres variétés sont des obtentions de l’Institut Technique des Grandes Cultures. Ces variétés côtoient des variétés d’origine italienne proposées par des établissements privés comme Axium à Constantine.

Vers une production locale de silos métalliques

Cette forte activité fait qu’en ce mois de septembre, dans les CCLS, les céréales sont partout : stockées à plat sous les hangars, dans des big bag ou dans le cas des semences usinées dans ces impressionnants empilements de sacs d’un quintal.

La séparation des différents lots est la priorité du personnel. Il s’agit de gérer les lots destinés à la consommation, ceux destinés aux semences et parmi ces derniers séparer les différentes espèces et variétés.

Début septembre, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a déclaré que, dans le cadre de l’expansion de la capacité de stockage des céréales, un programme sera mis en œuvre pour construire des silos de petite et moyenne taille.

De telles installations devraient permettre d’accroître les capacités modernes de stockage mais surtout d’améliorer la traçabilité des différents lots de céréales.

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