La semaine du 27 avril au 3 mai, qui précède le onzième vendredi de mobilisation nationale contre le pouvoir, sera très chargée en événements politiques.
Manifestations et grève des étudiants, marche des travailleurs le 1er mai, visite du chef d’état-major de l’ANP à Constantine avec de nouvelles déclarations attendues et séance de questions au gouvernement à l’APN sont les événements notables attendus au courant de cette semaine qui s’annonce décisive pour le mouvement populaire.
Grève et marche des étudiants
Ce dimanche 28 avril, les étudiants ont entamé la semaine avec des actions de protestation au sein de plusieurs campus de la capitale et dans d’autres wilayas. À l’Université des sciences et technologies Houari Boumediène de Bab Ezzouar, ils sont sortis manifester dans les rues de la ville pour réclamer un réel départ du pouvoir et affirmer la poursuite de leur mouvement.
Dans de nombreuses facultés, instituts et écoles supérieurs, la grève est maintenue. C’est notamment le cas dans plusieurs départements et facultés d’Alger, comme l’École supérieure de commerce qui a voté, ce dimanche, la poursuite de la grève, aux universités de Bouira, Béjaia, Tizi-Ouzou, Sétif, Constantine, Msila, Naâma, ou encore, Oran, où l’école supérieure des sciences biologiques est en grève pour la quatrième semaine consécutive.
Malgré la perspective d’une année blanche, les étudiants semblent déterminés à assumer leur rôle structurant du mouvement populaire jusqu’au bout. Ce mardi 30 mai, des manifestations d’étudiants sont prévues dans plusieurs wilayas, notamment à Alger et Blida.
Une sortie très attendue de Gaid Salah
Dans ce contexte, le chef de l’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaid Salah, sera en visite dans la cinquième région militaire (Constantine) les 29 et 30 mai. Une sortie pendant laquelle il va superviser des exercices à munitions réelles et se réunira avec les cadres militaires de la région.
Il est attendu qu’il prononce un nouveau discours où il abordera la situation politique, comme il l’a fait lors de toutes les visites qu’il a effectuées depuis le début du mouvement populaire le 22 février.
Le chef de l’armée est attendu sur plusieurs questions dont les poursuites judiciaires contre des oligarques et figures politiques pour lesquelles il devrait renouveler son soutien, ainsi que sur la question de la transition que les Algériens continuent à vouloir mener sans les figures de l’ancien système encore au pouvoir.
Grande marche nationale des syndicats autonomes
Au lendemain du deuxième et dernier jour de la sortie de Gaid Salah, une grande marche nationale des travailleurs se déroulera à Alger à l’appel de la confédération des syndicats algériens (CSA), à l’occasion de la fête du Travail du premier mai.
Cette manifestation à laquelle ont appelé une douzaine de syndicats autonomes n’aura d’autre objet que de réclamer le changement réel du pouvoir et « n’aura pas de dimension socio-professionnelle », selon Sadek Dziri, président de l’Unpef et coordinateur de la Confédération.
« Nos revendications ne seront pas différentes de celles portées par le peuple depuis le 22 février. Nous demanderons le départ des trois B, nous dirons non aux élections prévues pour le 4 juillet car il est impossible de les tenir dans ces circonstances et nous demanderons l’accélération de la mise en place d’une période de transition avec des figures qui jouissent de la confiance des citoyens », a déclaré le syndicaliste à TSA Arabi.
La marche aura comme point de départ la place du Premier mai et remontera le boulevard Hassiba Ben Bouali, le boulevard du Colonel Amirouche, avant de déboucher sur la Grande Poste, à Alger centre. Le même parcours que celui de la marche organisée par la même confédération le 10 avril pour demander le départ du système et que la police avait tenté d’empêcher par l’usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau.
L’appel à marcher le premier mai lancé par les syndicats autonomes maintiendra le souffle du mouvement populaire qui, à l’approche du onzième vendredi, semble s’installer dans la durée.
Une séance de questions au gouvernement à l’APN
La semaine s’achèvera sur une séance de questions au gouvernement programmée pour le jeudi 2 mai. Le gouvernement Bedoui, largement rejeté par les Algériens, sera représenté dans l’hémicycle par 8 ministres qui devront répondre aux questions de 24 députés appartenant aux deux partis du pouvoir, le FLN et le RND.
Cette séance de questions au gouvernement est perçue par nombre d’observateurs comme une tentative de briser le blocus imposé par le mouvement populaire aux ministres du gouvernement Bedoui. Leurs déplacements et visites dans les wilayas sont, à chaque fois perturbés, voire, à certaines reprises, empêchés par des rassemblements de protestation de citoyens.
Une séance qualifiée par Lakhdar Ben Khellaf, député du parti Adala et Bina de « provocation » et de « trahison du mouvement populaire ».
Elle se déroulera à la veille du onzième vendredi pendant lequel de nouvelles manifestations importantes sont attendues à travers tout le pays pour demander, encore une fois, le départ du système pour une réelle transition démocratique.