Le Bac 2021 a eu lieu du 20 au 24 juin. Durant les cinq jours qu’ont duré les épreuves, l’Algérie a vécu au rythme des coupures d’Internet, des arrestations et des condamnations à la prison pour fraude.
Une semaine après la fin des examens et la veille du début des corrections (du 1er au 19 juillet), quel bilan peut-on tirer ? Concernant la nature des sujets, Meziane Meriane coordinateur national du Snapest (syndicat des professeurs du secondaire et du technique) les juge « acceptables ».
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« Un élève véritablement moyen peut facilement décrocher un 10/20 », estime-t-il. Interrogé sur ses pronostics à propos du taux de réussite, M. Meriane avance une moyenne de 45 %, soit 10 points de moins que le Bac 2020 durant lequel la moyenne d’admission retenue -contexte de la Covid oblige- a été de 9/20.
Trois facteurs plutôt favorables étaient derrière ce taux qui a dépassé 50 %. Les candidats ont été examinés sur deux trimestres. Secundo, ils ont eu plus de 6 mois de révision (qui correspondaient à la période du confinement, NDLR), et tertio, la moyenne d’admission a été réduite à 9/20.
Le SG du Syndicat des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, partage le même constat mais se refuse à avancer un chiffre pour le taux de réussite probable.
« En l’état actuel de l’école algérienne, le Satef ne s’intéresse pas aux chiffres, parce que nous n’avons pas une école véritablement compétitive pour s’intéresser aux chiffres. Rappelez-vous l’année passée, les candidats ont été admis avec 9/20 de moyenne ! Cependant, je peux dire qu’il y aura cette année deux ou trois points de plus que le pourcentage de l’année passée », avance-t-il.
Pour quelle raison ? « Tout d’abord, les élèves n’ont pas étudié tout le programme et les questions de l’examen n’ont pas englobé toutes les leçons. Je prends l’exemple de la filière Gestion & Economie, d’habitude il y a toujours dans l’examen du Bac un exercice de probabilités statistiques que nous dispensons au 3e trimestre. Or, cette année nous n’avons pas été loin dans la finalisation des programmes », répond M. Amoura.
La fraude a été maîtrisée
Au sujet de la fraude, Meziane Meriane considère qu’elle a été « atténuée » en comparaison avec les années précédentes, et ce en partie grâce au dispositif draconien mis en place notamment la coupure d’Internet.
Cependant, le coordinateur du Snapest prévient que le phénomène de la fraude existe toujours. « Recourir à des mesures conjoncturelles » n’est pas la solution pour endiguer le fléau qui ternit l’image du Bac et de l’enseignement en Algérie, estime-t-il.
« Il suffit que ces mesures conjoncturelles ne soient pas appliquées pour qu’aussitôt la fraude reprenne de plus belle. Il faut attaquer le mal à la racine », propose M. Meriane.
Le SG du Satef estime lui aussi que la fraude n’a pas été massive, ajoutant qu’en coupant Internet durant les épreuves on ne fait traiter que les conséquences et non pas les causes.
« Posons-nous la question pourquoi ces gens-là trichent ? », demande-t-il. Sur les peines de prison prononcées contre les tricheurs, M. Amoura se positionne clairement contre l’emprisonnement.
L’enseignant plaide pour les sanctions pédagogiques qui prévoient le bannissement, soit une exclusion de 5 années, contre les élèves fraudeurs scolarisés et dix années pour les candidats libres.
Sur l’ampleur de la fraude durant le Bac 2021, Boualem Amoura explique que, hormis quelques cas enregistrés dans une dizaine de wilayas, le phénomène a pu être maîtrisé.
« Quoi qu’on dise, il y a des hommes et des femmes dans le secteur qui font correctement leur travail. Mais si on ne s’attaque pas aux causes, il y aura toujours la fraude », met en garde le SG du Satef.
Au total, 64 personnes ont été condamnées à des peines de 6 mois à 3 ans de prison ferme pour fraude au Bac, selon le ministère de la Justice.