Les épreuves de l’examen du Bac 2021 en Algérie ont débuté ce dimanche 20 juin et vont s’étaler sur cinq jours. La première journée des épreuves s’est déroulée globalement dans des conditions jugées bonnes par des pédagogues joints par TSA.
Au menu de la première journée, les épreuves d’arabe en matinée, et les Sciences islamiques l’après-midi. « On ne nous a rien signalé et on croise les doigts pour que ça continue », a indiqué à TSA, dimanche 20 juin, le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement technique et technique (Snapest).
« D’après les données que nous avons à notre niveau, tout s’est bien passé pour les élèves. Ils ont été bien accueillis. Les épreuves de la matinée et du soir ont été abordables avec des sujets puisés dans les programmes », a abondé le porte-parole et coordinateur national du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba.
Et de préciser qu’il n’y a pas eu de signalement quant à des erreurs dans les sujets. Le point noir de cette entame des épreuves du baccalauréat, demeure néanmoins la coupure de la connexion à internet pour éviter la triche. Une pratique qui pénalise des pans entiers de la société, soulevant la question de sa pertinence.
« La coupure d’Internet n’est qu’une ‘’solution’’ conjoncturelle, estime M. Meriane. Or, nous avons besoin de solutions définitives. Il est vrai que la triche (aux examens) est devenue un problème sociétal, l’Algérien grandit dans un environnement de triche du fait que l’on triche partout. Il faut par conséquent s’attaquer aux racines du fléau ».
Une mesure inefficiente
« Cette politique dure depuis six à sept années. Cependant, jusqu’à aujourd’hui il n’y a pas de changement », puisque la coupure du réseau Internet « n’a pas réglé le problème des fuites des sujets et la triche », déplore Messaoud Boudiba.
« Le problème n’est pas dans Internet ou dans les réseaux sociaux, mais fondamentalement, il concerne les personnes qui sont derrière les fuites de sujets », pointe l’enseignant qui appelle à les appréhender et à leur infliger des sanctions exemplaires, voire coercitives.
« Nous devons réfléchir à des alternatives autres que la mesure qui consiste à couper le réseau Internet », proteste Boudina pour qui le fait que cela n’a pas permis d’endiguer un phénomène qui dure depuis sept ans est « une preuve d’échec » dans la lutte contre le fléau de la triche et des fuites des sujets.
Pour les deux pédagogues, il y a lieu de réfléchir à une véritable réforme de l’enseignement et des épreuves d’examens. M. Meriane est pour l’encouragement de la culture du mérite. « Il faut rendre le mérite au travail et à l’effort, il faudra changer les mentalités. En attendant, car cette entreprise prend du temps, il faut passer à la réforme du Baccalauréat », suggère l’enseignant qui propose de soumettre les candidats à des questions qui font appel à la réflexion et à l’intelligence.
« Ainsi, on aura un BAC de qualité et aussi on en finira avec la triche. C’est une façon aussi de faire comprendre aux élèves qu’il n’y a que le travail qui compte dès lors que les questions font appel à leur intelligence », a martelé M. Meriane.
D’un autre côté, il y a lieu peut-être de dédramatiser l’échec au BAC, que les élèves et leurs parents assimilent à une sorte de fin du monde. Le coordinateur du Snapest recommande de faire un travail d’accompagnement de l’élève dans ce sens.
« Il vaut mieux refaire le BAC au lieu de s’éterniser à l’université pour avoir sa licence », a-t-il estimé. À ces facteurs s’ajoute aussi l’absence de débouchés pour les recalés au BAC qui peuvent trouver d’autres alternatives.
« On a donné beaucoup trop d’importance au BAC en Algérie », approuve M. Meriane ajoutant : « On est en train de leurrer les élèves en les poussant jusqu’au Baccalauréat avec un niveau faible. Une fois qu’il a raté son BAC, il ne pourra pas faire un pas en arrière et se dire tiens je vais opter pour un métier dont le pays a besoin ».
Réformer le baccalauréat seulement et faire fi du processus d’enseignement qui y mène n’est peut-être pas la bonne démarche, explique Messaoud Boudiba. Il conclut : « Nous avons toujours critiqué le fait qu’on ne prenne pas en compte avec les délibérations ce qui revient à rejeter la fiche de synthèse qui rend compte des résultats de l’élève tout au long de l’année scolaire ».