Société

Bac 2023 en Algérie : pourquoi le taux de réussite est en baisse ?

En Algérie, les candidats au Bac 2023 sont fixés sur leur sort. Les résultats de cet examen ont été publiés ce lundi et des chiffres relatifs au taux de réussite notamment ont été dévoilés par le ministre de l’Éducation nationale Abdelhakim Belabed ce lundi 17 juillet au cours d’une conférence de presse.

Le ministre de l’Education nationale s’est montré satisfait du taux de réussite au Bac qui est de 50,63 % bien qu’il soit le plus faible depuis la session de 2016. En 2022, 58,75 % des candidats avaient obtenu le Bac en Algérie.

Abdelhakim Belabed a rappelé le contexte particulier pour les bacheliers de l’année 2023 qui ont vécu un cursus secondaire marqué par la pandémie du Covid-19 durant laquelle les lycées étaient fermés et les cours dispensés à distance.

« Les résultats sont très bons au vu de ce qu’ont enduré nos enfants. Ils ont vécu toutes les péripéties de la pandémie avec son impact et ses retombées sur le déroulement des études et l’application des programmes », a-t-il expliqué.

Bac 2023 en Algérie : le satisfecit du ministre de l’Éducation nationale

Le ministre de l’Education est allé plus loin en affirmant que les résultats enregistrés ont poussé la tutelle à décider de maintenir la moyenne de passage à 10/20 contrairement aux années précédentes où elle avait été fixée à 9,50/20.

« Avec l’adoption de la moyenne d’admission à 10/20, le taux de réussite au BAC 2023 est de 50,63 %, ce qui est un taux bon et raisonnable vu les séquelles psychologiques, pédagogiques voire même sociales provoquées par la pandémie de Covid-19 », a-t-il martelé.

Par filières, c’est les candidats en mathématiques qui ont réussi le plus grand taux de réussite avec 79,22 %. Le taux est de 60,85 % pour la filière scientifique qui compte le plus de candidats. Le ministre a fait savoir que 58,48 % des candidats en filière maths technique ont eu leur bac, 53,4 % en langues étrangères, 34,39 % en gestion et 33,5 % en lettres philosophie.

Contacté par TSA ce lundi, Messaoud Boudiba, porte-parole du syndicat Cnapeste qualifie les résultats du Bac 2023 de « moyens » mais « prévisibles ».

« On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait un tel recul du taux de réussite même si on savait qu’avec le retour au régime normal qu’il allait y avoir des conséquences et voilà où nous en sommes. Les élèves ont étudié la première et deuxième année durant la période Covid-19 avec un programme partiel et d’un seul coup on les remet au régime normal », détaille-t-il.

« Un taux inacceptable », « injustifiable » et qui « n’honore point le secteur de l’éducation », tels sont les termes choisis par Boualem Amoura secrétaire général du Satef en réaction aux chiffres du Bac 2023 en Algérie qui ont été dévoilés par le ministre de l’Education Abdelhakim Belabed ce lundi.

« Il y a un problème. Il faut chercher la solution et arrêter la fuite en avant. Le taux de 50,63 % est inacceptable. En vérité, le taux réel ne dépasse pas les 40 %. Les barèmes de correction ont été changés dans beaucoup de matières en faveur des candidats. Il faut étudier les résultats pour trouver les solutions », s’indigne Boualem Amoura qui trouve les explications du ministre de l’Education « pas convaincantes ».

Il y a des questions qu’il faut se poser, selon le secrétaire général du Satef pour expliquer la faiblesse des résultats dans la filière lettres et philosophie et gestion en Bac 2023.

« Nous avons travaillé durant l’année scolaire 2015/2016 sur la réforme du Bac. Le ministre actuel était secrétaire général du ministère et connaît le dossier qui est toujours à son niveau. Jusqu’à quand allons-nous continuer à justifier l’échec ? En 2024, on ne pourra plus parler de ce genre de choses. Si on continue sans aller tout de suite vers une refonte radicale, on aura les mêmes résultats », dénonce Boualem Amoura.

Le constat dressé par le ministre de l’Education nationale n’est que partiellement partagé par le Cnapeste et totalement rejeté par le Satef. Près de la moitié des candidats au BAC ont échoué dans cet examen capital qui ouvre les portes des écoles et des universités aux lauréats aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.

« Ce qui m’interpelle, c’est le sort de 49 % de candidats recalés. Les perspectives sont assez sombres pour eux. C’est la rue, les fléaux sociaux et la déperdition qui les attendent. C’est pour cela qu’il faut réfléchir sérieusement à réformer l’école et en finir avec la fuite en avant », a, ainsi, conclu Boualem Amoura.

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