Il y a encore peu, personne n’entendait parler de l’existence de sa famille, encore moins de situer sur une carte géographique l’endroit où il vit, une zone d’ombre, une de ces régions d’Algérie oubliées des hommes, des médias et du développement.
Mais grâce à son succès retentissant au baccalauréat 2024 en Algérie, obtenu avec une moyenne de 17, 42/20 malgré des conditions de vie austères et hostiles, Fadlaoui Bouhafs a réussi à sortir sa région de l’anonymat et à capter l’intérêt des médias et des réseaux sociaux.
Son histoire est digne d’un roman et inspirerait bien des cinéastes. Depuis qu’elle a été révélée, elle suscite un intérêt grandissant.
L’admiration se dispute avec la compassion. Voilà un adolescent que les vicissitudes de la vie n’ont pas épargné, issu d’une famille nomade et vivant dans une tente exposée aux caprices de la météo, dans cette région steppique de Saida, dans le sud-ouest de l’Algérie, et qui réussit l’exploit de figurer dans la top liste des meilleurs bacheliers algériens, session 2024.
C’est que le désir de réussite est si tenace pour cet adolescent à la silhouette frêle, contraint à parcourir chaque jour 48 km pour rejoindre les bancs de son lycée.
Une histoire digne d’un roman
« Les conditions ne sont pas un obstacle pour celui qui veut réussir », assure-t-il à une télévision privée.
Pourtant, peu comme lui aurait relevé le défi. Habitant une tente, dans une région isolée et loin du centre urbain, sans commodités, que seuls desservent des pistes rocailleuses, Fadlaoui Bouhafs a passé de longues années à réviser ses cours à la lumière de la chandelle.
Ce n’est qu’il y a une année seulement que les autorités ont installé un panneau solaire alimentant depuis leur gîte en électricité.
« En hiver, je brûlais le bois pour me réchauffer », raconte-t-il. Mais la rudesse des conditions dans cette région des hauts plateaux, connue pour ses hivers rigoureux et ses étés caniculaires, ressemblant à s’y méprendre aux régions steppiques de Mongolie, ne dissuade pas le jeune Bouhafs à s’accrocher à son rêve, celui de réussir dans ses études.
« Ce sont des conditions qui imposent le défi et la lutte », affirme-t-il. À force d’efforts soutenus, de persévérance et d’abnégation, il réussit le pari de passer avec succès le prestigieux examen.
De quoi ravir ses parents, particulièrement son père qui le conduisait chaque jour à moto pour rejoindre les bancs de l’école.
Le Bac, un puissant ascenseur social en Algérie
« C’était mon souhait et mon rêve. Dieu merci, il a réussi », savoure le père, heureux, dont les traits du visage témoignent des épreuves qu’il a bien dû endurer pour élever sa progéniture.
Comme certains autres lauréats du Bac 2024 en Algérie, Fadlaoui Bouhafs ambitionne de poursuivre des études en technologie ou en informatique.
Pas seulement pour son accomplissement personnel, mais pour aider sa famille dont il mesure probablement le dénuement.
« Je prie Dieu de réussir pour aider mes parents et mes proches pour transcender ces conditions difficile », espère-il. Mais en attendant, il peut compter sur le soutien de nombreux donateurs et des autorités locales dont le wali de Saida qui a promis d’améliorer la situation sociale de sa famille et de prendre en charge les frais de ses études.
Bien plus qu’une histoire, l’exploit de Bouhafs est une leçon de vie. Rien ne peut entraver la volonté de réussite. Le baccalauréat reste un puissant ascenseur social en Algérie.
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