Avec un taux de réussite de 67,02% au BEM 2017, la wilaya de Tizi Ouzou est une nouvelle fois arrivée en tête du classement national des résultats de cet examen. Pour le BAC, les résultats ne sont pas encore connus mais, depuis une décennie, cette wilaya trône en tête des classements des deux examens de l’éducation nationale. Quelles sont les raisons de ce succès ? Éléments de réponse.
« Des inspecteurs sont à chaque session dépêchés des autres wilayas pour surveiller le déroulement des épreuves et, ensuite, les copies d’examens sont transférées dans d’autres wilayas pour correction », explique un enseignant, en réponse aux soupçons de triche que certains avancent pour expliquer les résultats obtenus par les élèves de cette wilaya aux examens du BAC et du BEM.
« Tizi Ouzou continue d’occuper la première place, et des inspecteurs dépêchés des autres wilayas nous ont confiés que la surveillance des épreuves à Tizi Ouzou est plus sévère que sur tout le reste du territoire national », assure le même enseignant.
Parmi les explications avancées figure aussi l’avantage de la maîtrise des langues étrangères des élèves de Tizi Ouzou sur les autres régions du pays. « Il s’agit d’une lecture simpliste », répondent des enseignants, interrogés par TSA. « Il est vrai que depuis longtemps, la région compte une très forte communauté à l’étranger, et le contact quasi permanent avec elle a été d’un apport non négligeable aux capacités linguistiques des enfants, tout comme des adultes », développe un enseignant, qui relativise l’impact de ce facteur sur les bons résultats obtenus aux examens : « Cette raison est loin de constituer toute l’explication aux résultats qu’obtient cette wilaya aux examens de fin d’année ».
Pour cet enseignant, les performances de la wilaya Tizi Ouzou dans l’éducation nationale sont le fruit du travail collectif de ses collègues, des élèves et de leurs parents.
Une explication partagée par la direction de l’Éducation nationale de la wilaya. « Les résultats qu’obtient la wilaya de Tizi Ouzou sont le couronnement de la compétence des enseignants, de l’encadrement administratif, le sérieux des élèves et le sacrifice des parents qui se privent de tout pour la réussite de leurs enfants », liste Mohamed Tachabount, le chargé de communication de la direction de l’Éducation.
Pour appuyer ses arguments, il cite le nombre d’élèves concernés par la 2e session du BAC, réservée aux retardataires. « Sur les 2558 élèves concernés dans la wilaya, 192 seulement parmi eux sont des scolarisés qui ont eu des empêchements majeurs souvent dus à la maladie. Tous les autres sont des candidats libres », précise-t-il.
Détaillant le volet relatif à la compétence des enseignants, un professeur de lycée révèle quelques secrets de cette réussite : « Dans cette région, les professeurs ont une bonne maîtrise des programmes et accordent une grande importance à la méthodologie. Ils se consacrent pleinement à leur mission au point d’assurer des cours de soutien tous les mardi soir et samedi et aussi de toujours travailler durant la première semaine des vacances scolaires ». « De surcroît, durant toute l’année ils placent la barre très haut, bien au-dessus du niveau des examens nationaux que les élèves abordent, en conséquence, généralement avec facilité », poursuit-il.
L’engagement et l’implication des enseignants n’expliquent pas tout. « Très jeunes, les élèves comprennent déjà dans leur écrasante majorité, et ce bien sûr grâce à leurs parents, que les études constituent la seule perspective qui s’offre à eux », explique-t-il, en soulignant le rôle crucial des parents, qui « sont, généralement instruits et conscients, ce qui aide notablement à la bonne prise en charge de leurs enfants à l’extérieur ».
Le syndicaliste, Larbi Ait Gharbi, ajoute le facteur de la stabilité. « Nous ne pouvons pas occulter le fait qu’à Tizi Ouzou, le secteur s’est donné les moyens nécessaires, et aussi qu’un esprit de compétition et de concurrence s’est instauré entre les établissements et les groupes pédagogiques, ce qui n’est pas sans influer sur la performance dans les résultats », développe le syndicaliste.
Il ajoute aussi l’importance du tissu associatif et des comités des villages qui en s’impliquant dans l’organisation des cours supplémentaires et des cérémonies de remise de cadeaux à chaque fin d’année encouragent les élèves à redoubler d’efforts.
Pour les parents, la vision dépasse le cadre de la scolarité pour s’inscrire dans l’avenir même de leurs enfants. « Rien n’est plus sûr que d’investir dans l’avenir de ses enfants. Puis, nous sommes dans une région sans grandes richesses où le seul salut est dans les études. Au-delà des contenus scolaires, donc de la qualité de l’enseignement, qui sont discutables, avoir un diplôme est une clef et non des moindres », estime un membre d’un association de parents d’élèves. Les perspectives moroses en matière d’emploi dans la région ne découragent pas les parents. « Nous sommes conscients que le tissu économique de la région est incapable d’absorber tous les diplômés, mais au moins d’autres horizons peuvent s’ouvrir devant eux », avance le père d’un lycéen. Dans cette wilaya, pas moins de 6000 diplômés de l’université arrivent chaque année sur le marché du travail et dont la plupart finissent par prendre le chemin de l’immigration.
