Le massacre de plus de cinquante Palestiniens à Gaza près de la frontière israélienne a entraîné une avalanche de réactions au sein de la communauté internationale. Des pays du Maghreb aux pays arabes aux pays occidentaux, TSA vous propose une synthèse des principales réactions.
Maghreb
L’Algérie a condamné avec « la plus grande vigueur le bain de sang » perpétré à Gaza par les forces d’occupation israéliennes contre des manifestants palestiniens sans défense, a affirmé ce mardi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. « Face à cet abominable crime de guerre, la communauté internationale, et singulièrement le Conseil de Sécurité des Nations unies, est de nouveau interpellée avec force pour assumer toutes ses responsabilités à l’égard du peuple palestinien en vue d’assurer sa protection conformément aux normes du droit international humanitaire et de réparer l’injustice qui lui est faite », a souligné le MAE algérien.
La Tunisie a également « condamné vigoureusement » les tueries israéliennes « systématiques visant des marches pacifiques pour revendiquer les droits légitimes du peuple palestinien frère », a annoncé le ministère des Affaires étrangères tunisien dans un communiqué lundi soir. « La Tunisie réitère son engagement et son soutien au peuple palestinien dans sa lutte pour la reconnaissance de ses droits légitimes, et notamment l’établissement d’un État indépendant avec Al-Qods comme capitale », a affirmé le MAE tunisien. La Tunisie a en outre « appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité légale et morale pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et lui prodiguer la protection internationale nécessaire ».
Le Maroc n’a pour sa part pas condamné pour l’heure le massacre commis par Israël contre des manifestants pacifistes palestiniens. Le roi du Maroc Mohamed VI a adressé ce lundi une lettre au président palestinien Mahmous Abbas, y exprimant « sa profonde inquiétude et préoccupation » face à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer son ambassade.
Moyen-Orient
La Ligue arabe, par le biais de son secrétaire général Ahmed Aboul Gheit, a condamné ce mardi les « massacres » d’Israël envers les Palestiniens de Gaza, qui s’apparentent à des « crimes de guerre ». La communauté internationale doit « protéger le peuple palestinien, qui a choisi la voie de la lutte pacifique et a été confronté à la brutalité, la violence et le meurtre », a notamment déclaré M. Aboul Gheit dans un communiqué. « Israël est une entité oppressive et meurtrière et ses politiciens et militaires doivent être traduits devant la Cour pénale internationale », a pour sa part affirmé Amjad Shamout, le président de la commission permanente des droits de l’Homme de la Ligue arabe.
L’Arabie saoudite de son côté a condamné ce lundi le massacre des Palestiniens de Gaza, sans évoquer toutefois l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. « L’Arabie saoudite condamne avec force les tirs des forces d’occupation israéliennes contre des civils palestiniens désarmés qui ont fait des dizaines de tués et de blessés », a déclaré un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères.
L’Iran a estimé mardi que les dirigeants israéliens devraient être jugés pour crime de guerre après le « massacre » à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. « Le meurtre d’enfants, de femmes et de gens sans défense de Palestine (…) est devenu la stratégie principale (d’Israël) en 70 ans d’occupation », a indiqué le porte-parole du ministre des Affaires étrangères iranien, appelant la communauté internationale à « agir immédiatement » et à juger les dirigeants israéliens comme « criminels de guerre devant les juridictions internationales ».
La Turquie a décidé lundi de rappeler pour consultations ses ambassadeurs en Israël et aux États-Unis, et a demandé ce mardi à l’ambassadeur israélien de quitter le pays temporairement. L’ambassadeur, Eitan Naeh, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et a été prié « de retourner dans son pays pour un certain temps ».
En parallèle, l’ONG Reporters Sans Frontières a saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre » après des tirs israéliens contre des journalistes. Selon l’ONG, plusieurs journalistes ont notamment été visés ce lundi par des tirs alors qu’ils couvraient des manifestations à l’est de la ville de Gaza. « Les autorités israéliennes ne pouvaient ignorer la présence, parmi les civils manifestants, de journalistes » et « ont manqué à leur élémentaire devoir de précaution et de distinction en visant à balles réelles ces personnes protégées », affirme RSF, pour qui ces violations « délibérées et répétées du droit humanitaire international sont constitutifs de crimes de guerre ».
Pays occidentaux
La France, par le biais de son président Emmanuel Macron, a quant à elle « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens à Gaza, déplorant « le grand nombre de victimes civiles palestiniennes à Gaza (lundi) et ces dernières semaines ». Le président français a également « souligné le droit des Palestiniens à la paix et à la sécurité », rappelant aussi « son attachement à la sécurité d’Israël et la position française constante en faveur d’une solution à deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues ».
Les gouvernements britannique, allemand et irlandais ont réclamé ce mardi une enquête indépendante sur la tuerie de Gaza commise par l’armée israélienne. « Je peux dire au nom du gouvernement allemand que nous sommes d’avis qu’une commission indépendante pourrait faire la lumière sur les violences et les affrontements sanglants dans la zone frontalière », a indiqué le porte-parole de la chancelière Angela Merkel et du gouvernement allemand.
« Le Royaume-Uni soutient une enquête indépendante sur ce qui s’est passé », a déclaré Alistair Burt, secrétaire d’État au Proche-Orient et à l’Afrique du Nord. « Nous regrettons profondément l’ampleur du recours à des balles réelles hier », a déclaré Burt, estimant « urgent de relancer le processus de paix » dans la région. Le ministère irlandais des Affaires étrangères a quant à lui convoqué ce mardi l’ambassadeur d’Israël dans le pays.
La Belgique, par le biais du Premier ministre Charles Michel, a également appelé à « une enquête internationale menée par les Nations unies », en estimant que « les violences commises hier dans la Bande de Gaza sont inacceptables ». La Belgique a aussi convoqué ce mardi l’ambassadrice d’Israël à la suite de ses propos. L’ambassadrice d’Israël en Belgique, Simona Frankel, a en effet qualifié de « terroristes » toutes les victimes à Gaza, entraînant sa convocation.
Les États-Unis ont bloqué ce lundi l’adoption d’un communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à une enquête indépendante sur les événements meurtriers dans la bande de Gaza, selon des sources diplomatiques. « Le Conseil de sécurité exprime son indignation et sa tristesse face à la mort de civils palestiniens exerçant leur droit à manifester pacifiquement », déclarait le projet de texte bloqué par les Américains.