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Barça-Real ou la métamorphose de Benzema

Transfiguré par le départ de Cristiano Ronaldo, Karim Benzema est devenu le meilleur buteur et le nouveau meneur du Real Madrid, une métamorphose à confirmer face au FC Barcelone de Lionel Messi, incertain mercredi en demi-finale aller de Coupe du Roi (21h00/20h00 GMT).

C’est comme si le Français volait enfin de ses propres ailes avant ce clasico au Camp Nou: longtemps réduit à un statut de passeur et de faire-valoir de Ronaldo, Benzema (31 ans) vit sa période la plus faste à Madrid depuis son arrivée en 2009.

Avec 18 buts en 35 apparitions, il est le premier finisseur de l’équipe merengue cette saison, ce qui lui a permis de dépasser la légende Hugo Sanchez (208 buts) comme sixième meilleur marqueur de toute l’histoire du Real (210 buts).

“A chaque match, je veux tout donner et faire de belles choses dans le jeu, marquer des buts, distribuer des passes décisives”, a-t-il expliqué fin janvier après son récital en Liga contre l’Espanyol (4-2), assorti d’un doublé.

“Les gens demandent à un attaquant qu’il marque des buts, mais je pense que je suis un numéro 9 avec l’âme d’un numéro 10”, a-t-il joliment ajouté.

Cette définition résume le malentendu qui a longtemps persisté entre “Karim” et les supporters madrilènes, qui lui reprochaient aussi ses démêlés judiciaires en France, où il reste mis en examen dans l’affaire du chantage à la sextape et mis à l’écart des Bleus.

– “C’est mon tour” –

Porteur du mythique numéro 9 du Real, Benzema n’a jamais été seulement un pur finisseur, évoluant aussi dans un registre créatif au service d’autres attaquants comme Ronaldo.

Cet altruisme lui a valu des statistiques décevantes, notamment l’an dernier (seulement 5 buts en Liga), et les sifflets récurrents du public madrilène dans le sillage d’une presse espagnole pas toujours tendre.

Or, sans Ronaldo, tout a changé pour Benzema.

“Maintenant Cristiano n’est plus là pour marquer. Donc c’est mon tour”, a prévenu l’ancien Lyonnais en novembre.

Son rôle sur le terrain est bien plus plaisant: le voici à la réception des centres et à la finition des actions, alors qu’il était davantage à l’élaboration auparavant. Il s’est fixé un objectif ambitieux, finir la saison à 35 buts toutes compétitions confondues, sachant qu’il reste sur six buts en quatre apparitions.

Les médias espagnols ont d’ailleurs acté ce nouveau statut avec des couvertures élogieuses. “Le magicien Benzema”, a titré le quotidien sportif Marca, le plus lu d’Espagne.

– Fracture –

“Par moments, on ne sait pas si on voit Benzema ou Zidane”, l’a encensé Alfredo Relaño, directeur du journal As.

Le tout avec une fracture de l’auriculaire droit subie début janvier! Refusant d’être opéré, l’avant-centre joue avec une attelle, en serrant les dents.

“C’est un équipier modèle”, s’est réjoui son entraîneur Santiago Solari. “C’est un joueur très généreux, dans sa façon de sentir le football. Il rend ses coéquipiers meilleurs autour de lui.”

Mercredi, Karim Benzema (9 buts face au Barça) se présentera sur la pelouse du Camp Nou avec le défi de marquer au moins un but pour se hisser dans le top 10 des meilleurs buteurs de l’histoire du clasico.

Ce classement reste dominé par Lionel Messi (26 buts) mais l’Argentin, qui a repris l’entraînement mardi après un pépin à une cuisse, est incertain pour ce choc. Son entraîneur Ernesto Valverde a d’ailleurs entretenu le doute sur sa participation: “S’il n’est pas en état, il ne jouera pas”, a-t-il tranché.

“C’est toujours mieux quand les meilleurs jouent”, a répondu l’Argentin Solari, beau joueur, et désireux d’affronter le club quadruple tenant de la Coupe du Roi au meilleur de sa forme.

Bref, 100 jours après la gifle reçue au Camp Nou en octobre (5-1), l’ambition est revenue au Real, qui peut inverser la dynamique d’une saison mal engagée. Avec Benzema comme symbole de ce changement d’ère.

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