Dans la nuit de mardi à mercredi, des barricades de chantier ont été installées autour des marches de la Grande Poste d’Alger. Des travaux de réhabilitation ont débuté dans la foulée.
Cette mesure intervient quelques jours après la diffusion vendredi dernier, par la wilaya d’Alger, d’un communiqué dans lequel elle explique que les escaliers ainsi que les paliers de l’édifice néo-mauresque présentent un risque sérieux d’affaissement.
Depuis le 22 février, date du début du mouvement populaire, le parvis de la Grande Poste est le lieu de ralliement des manifestants. Jusqu’ici, les cordons de sécurité déployés par les forces spéciales autour de l’édifice ont toujours fini par céder sous la pression des citoyens.
Le quadrillage de ce monument, qui intervient plusieurs semaines après la fermeture du tunnel des facultés, est accueilli différemment par les Algériens. Croisé à proximité de la fac centrale, un étudiant estime que cette décision est « un choix logique et raisonnable à partir du moment où c’est pour assurer notre sécurité. On a toutes les rues pour manifester ». « Ils l’ont fait exprès », s’emporte un autre.
Sur les réseaux sociaux aussi, les avis divergent. Certains accueillent la mesure comme un acte de provocation de la part des autorités : « Agissements mesquins » ; « Ils essayent d’éteindre la flamme qui nous rassemble tous » ; « Retour à la case départ, rien n’a changé », peut-on notamment lire sur Facebook.
D’autres sont plus mesurés : « Si c’est pour une bonne cause (protection du citoyen et de la bâtisse), c’est bien. Le citoyen demande juste que chacun fasse convenablement son travail, ni plus, ni moins, et dans tous les domaines. » « Pour moi, c’est une bonne décision pour protéger un monument historique. »
« Manifester, c’est bien. Protéger et éviter la destruction de notre patrimoine, c’est mieux. Car la bâtisse fait partie de notre patrimoine, notre mémoire, notre histoire », peut-on aussi lire.
Un argumentaire qui n’empêche pas certains utilisateurs de faire le parallèle avec l’état de délabrement avancé de plusieurs bâtisses de la Casbah. Fin avril, un immeuble s’est d’ailleurs écroulé à quelques encablures de la mosquée Ketchaoua, faisant cinq morts et laissant plusieurs familles sans toit.
La Grande Poste a été érigée en 1910 par les architectes français Jules Voinot et Marius Toudoire. Elle abrite aujourd’hui un musée dans lequel est retracée l’histoire de la poste et des télécommunications en Algérie.